Cénozoïque (± 4,435 à 4,508 Ga, - 65 Ma à Aujourd'hui, D = 65 Ma)

Quaternaire (± 4,497 à 4,5 Ga, -2,588 Ma à Aujourd'hui, D = 2,588 Ma)

Holocène (- 12 000 ans à Aujourd'hui)

Le Quaternaire désigne une période géologique récente, qui se poursuit actuellement. Elle est caractérisée par le retour de cycles glaciaires. En paléontologie, le Quaternaire est marqué par l'évolution du genre Homo, dont font partie les humains.

L'Holocène correspond à l'avènement du Mésolithique, du Néolithique et des cultures ultérieures. C'est le début de l'expansion rapide de l'espèce humaine.

CLIMAT

L'Holocène est un Interglaciaire, période chaude qui suit le dernier Glaciaire du Pléistocène (dénommé Weichselien en Europe du nord, Wisconsin en Amérique du Nord ou Wurm dans les Alpes). L'Holocène est la quatrième et dernière époque du Néogène, l'un des nombreux Interglaciaires du Quaternaire. Certains scientifiques désignent néanmoins une nouvelle époque géologique succédant à l'Holocène : l'Anthropocène.

LA DISPARITION DES MAMMOUTHS A REFROIDI LA TERRE
Avant de disparaître du continent américain il y a 12.000 ans, les mammouths et autres grands herbivores émettaient 9,6 millions de tonnes de méthane par an
. D'après Felisa Smith, biologiste à l'université du Nouveau-Mexique, leur extinction expliquerait en partie la brutale chute de la concentration atmosphérique en méthane observée dans les carottes glaciaires. Et qui dit moins de méthane, dit aussi moins d'effet de serre. Or c'est à ce moment-là que la planète s'est refroidie. "En décimant la mégafaune américaine et si la diminution du méthane a bien eu un impact sur le climat, l'homme serait donc responsable du refroidissement qui a eu lieu au Dryas récent", conclut la chercheuse.

C.H. - SCIENCE & VIE > Août > 2010

TRANSGRESSION POST-GLACIAIRE

La remontée du niveau des océans (amorcée à la fin du Glaciaire à environ -100 mètres avec le début de la fonte des Inlandsis de l'hémisphère nord) s'est poursuivie, depuis environ -35 mètres, jusqu'au niveau actuel, atteint il y a environ 6.000 ans. La Mer Noire s'est remplie il y a environ 8.000 ans. Les Inlandsis finissent conjointement de fondre et les terres situées dessous ou à la marge des anciens inlandsis, libérées du poids de la glace, remontent (isostasie du manteau supérieur). Conjointement au réchauffement, faune et flore tempérées reconquièrent les moyennes et hautes latitudes et les écosystèmes de climats froids sont isolés dans des niches écologiques.
La remontée des eaux permit une transgression temporaire dans les terres en marges des Inlandsis. Des fossiles marins peuvent être trouvés dans l'Ontario, le Vermont, le Québec, le Michigan. En dehors des zones de haute latitude où la mer s'est avancée suite à la dépression glaciaire, on trouve ce type de fossiles dans le lit des lacs, les plaines d'inondation, et les dépôts à l'intérieur des cavernes.

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE GLOBAL

Des changements climatiques importants se produisent au cours de l'Holocène. La température s'élève notablement. Les précipations augmentent en zone tropicale, entraînant une diminution des zones désertiques. Les zones habitables se décalent vers le Nord, alors que le niveau marin remonte, isolant par exemple les iles britanniques du continent européen. Il y a 8000 ans, le Sahara se couvre de végétation et de multiples lacs s'y créent. Les troupeaux de grands herbivores quittent les zones tropicales où les forêts s'étendent, pour se diriger vers les savanes apparues dans les déserts du Nord et du Sud. Ils sont suivis par une population humaine de chasseurs-cueilleurs qui laissent des peintures et des gravures rupestres dans le Sahara. Le retour ultérieur du désert, entre -3000 et -1000, contraint cette population à migrer sur les rives du Nil, donnant naissance à la civilisation égyptienne. Un phénomène comparable se déroule en Amérique du Sud, à l'origine de la civilisation de Paracas.
La faune et la flore ne semblent pas avoir significativement évolué, mais la répartition des espèces a été fortement modifiée (remontées vers le nord des biomes et des biocénoses). Cette époque est également marquée par une rapide et importante vague d'extinction d'espèces de grands mammifères dans l'hémisphère nord et en Australie ; La Mégafaune s'y est très fortement réduite.

EXTINCTIONS D'ESPÈCES

En Australie : Les habitants préhistoriques y ont fait disparaitre de grandes espèces de reptiles ainsi que de grands marsupiaux.
En Amérique du Nord vivaient jusqu'à il y a environ 13.000 ans de nombreux très grands animaux (jusqu'au triple des tailles des animaux "correspondants" en Afrique contemporaine). Toute cette mégafaune a brutalement disparu :
- Les mastodontes, parents des mammouths et éléphants, vivaient dans les forêts nord-américaines. Ils semblent avoir disparu assez brutalement, après avoir vécu plus de 30 millions d'années, du Mexique à l'Alaska actuels. Le mammouth laineux et le mammouth américain (le plus gros de tous les proboscidiens, pesant 10 tonnes environ) qui vivaient dans des espaces plus ouverts, et qui étaient parfaitement adaptés aux toundras, ont également brutalement disparu. Comme le mammouth de Colomb (qui vivait plus au sud, dans les régions moins froides, ou dans les channel island de Californie). Ainsi que le mammouth nain (moins de 2 m de haut).
- De même pour les très grands paresseux terrestres d'Amérique du Nord : (Megalonyx jeffersonii, Glossotherium harlani, Eremotherium laurillardi, et Nothrotheriops shastensis) ; cette dernière espèce étant de la taille d'une vache, sauf une sous-espèce trouvée en Floride qui atteignait celle d'un éléphant actuel, pesant plus de 3 tonnes. Plus au sud (aux actuelles Argentine, Uruguay) des paresseux ont atteint près de 6 tonnes et une taille dépassant celle des plus grand mammouths).
- Les grands carnivores ont totalement disparu des deux Amériques, dont le guépard d'Amérique (plus grand que le guépard africain contemporain), le tigre à dents de sabre, ou le lion d'Amérique (plus grand que le lion africain actuel).
- Le tatou géant, le glyptodon n'ont pas été protégés par leurs énormes carapaces, et ont disparu.
- Les ours géants à face courte de près du double de la taille d'un grizzly, et probablement plus rapides grâce à des jambes plus longues. Cette espèce qui a peut-être freiné le passage de l'homme vers l'Amérique par le détroit de Béring, a disparu aussi.
- Tout comme le castor géant, ainsi que des espèces plus petites dont 3 genres d'équidés, et plusieurs variétés de chameaux et tapirs nord-américains, ainsi qu'un pécari de grande taille.
- De nombreux mammifères herbivores à bois, l'un des gibiers préférés de l'homme préhistorique ont aussi disparu d'Amérique du nord à cette époque, tels l'Antilope d'Amérique ou l'orignal de Scotts (plus grand que l'élan et l'orignal contemporains).
Toutes ces espèces (appartenant à 60 genres de grands mammifères, et incluant une vingtaine d'espèces d'équins) ont disparu d'Amérique du Nord sur environ un millénaire, ce qui est une période très brève à l'échelle des temps géologiques. Ceci après avoir survécu aux 3 dernières glaciations. Tous les grands animaux terrestres ont été affectés.
En Eurasie (Europe et Asie), contrairement à l'Amérique, l'Australie, la Nouvelle-Guinée ou l'Océanie, l'extinction de l'holocène fut limitée. Il est probable que la plupart des grands mammifères avaient évolué en même temps que l'homme devenait un prédateur redoutable, la sélection conservant ceux qui se méfiaient le plus du bipède. Les exceptions notables furent les disparitions du mammouth laineux, du rhinocéros laineux, du lion des cavernes et de l'ours des cavernes.

RESPONSABILITÉ DE L'HOMME

Sur ces 3 continents, l'Homme utilisateur du feu, chasseur maitrisant la pierre taillée, puis l'arc, la sagaie ou le propulseur, voire le boomerang en Australie, parfois expert en traque et piégeage, voire en poison, semble avoir une grande part de responsabilité dans ces disparitions, lesquelles ont peut-être eu d'importantes conséquences en matière d'écosystème et de physionomie des paysages. L'hypothèse selon laquelle l'homme serait totalement ou principalement responsable de ces disparitions est parfois dite théorie du Blitzkrieg.
Elle a notamment été portée et diffusée par Paul Martin qui note que de nombreuses pointes de flèches ont été trouvées dans les gisements de fossiles, parfois encore fichées dans certains os. Cette théorie est discutée et d'autres hypothèses (compatibles avec celle-ci) ont été proposées, dont l'introduction de pathogènes ou parasites qui auraient été responsables d'importantes zoonoses qui auraient décimé les grands animaux (non confirmées à ce jour par l'étude des fossiles), les grands animaux moins nombreux s'y seraient peut-être moins bien adaptés que les petits animaux dont la diversité génétique était peut-être plus élevée.

Wikipédia > Septembre > 2010

Et l'Homme dans tout ça ?

"Il a plutôt bien vécu les glaciations s'étonne Philippe Janvier. Il s'est adapté, s'est protégé contre le froid. C'est assez, surprenant". L'apparition de l'Homo erectus, en Afrique de l'Est, marque pour les anthropologues le début de l'ère quaternaire. Ce sera le premier hominidé à quitter le continent, notamment à la faveur des glaciations qui, en abaissant le niveau de la mer, ouvrent des passages dans la mer. "II y a un million d'années, on le retrouve ainsi en Europe, où il voyage au gré des glaciations et des déglaciations, décrit Anne-Marie Moigne. À 1,7 million d'années, on le retrouve en Géorgie, à 1,3 million d'années dans le sud de l'Espagne, à 800.000 ans en Italie, à 600.000 en Allemagne".

L'événement qui va bouleverser les rapports entre l'homme et le climat, c'est la domestication du feu, il y a 400.000 ans. À partir de ce moment, il va pénétrer dans des régions froides. En Ukraine, on a ainsi retrouvé des campements de chasseurs de mammouths : maisons en os de mammouths, contours des cabanes faites de colonnes vertébrales ou de mandibules empilées, les défenses supportent la couverture en fourrure de mammouth. Le foyer était sans doute entretenu avec de la graisse du même mammifère et ces hommes polaires taillent leurs outils dans l'ivoire. Ils sont alors capables de vivre sur un sol gelé en permanence.

L'homme survit ainsi sans encombre à la dernière glaciation, particulièrement rude. Puis, brutalement, il y a 10.000 ans, le climat s'adoucit. Les glaces fondent, la débâcle glaciaire fait monter les eaux de plus de 100 m en 2000 ans. Le climat devient plus humide. Le mammouth, le rhinocéros à poils longs remontent vers le nord puis disparaissent. Et si l'interglaciaire qui commence provoque la ruine de la civilisation magdalénienne, basée sur la chasse du renne, elle va permettre une des plus grandes révolutions de l'histoire humaine : la naissance de l'agriculture.
"Avec l'agriculture, l'homme se sédentarise, raconte Élise Van Campo. Les premières traces de système d'irrigation ont été retrouvées en Mésopotamie il y a environ 5000 ans". L'agriculture marque aussi le début de l'action de l'homme sur le paysage. "L'homme a marqué le milieu d'une manière imperceptible depuis très longtemps. On ne peut expliquer l'évolution de certains paysages que si l'on prend en compte l'action humaine".
C'est ainsi qu'en milieu méditerranéen les défrichements réduisent la forêt primaire au profit de formes dégradées : les matorrals, ces végétations ouvertes à base de buissons et de chênes verts rabougris, et la garrigue. Le pin d'Alep, l'arbousier, les légumineuses et le romarin témoignent de l'activité humaine. Mais,à cette époque, son influence est loin d'être irréversible. "Regardez la région de Rome, en Italie. Peu d'endroits ont connu une pression humaine aussi forte. Pourtant, l'arrière-pays est aujourd'hui couvert de forêts, poursuit la chercheuse. Jusqu'à la révolution industrielle, l'influence de l'homme sur le milieu n'a jamais été assez importante pour bouleverser l'équilibre climatique planétaire". Ce n'est que depuis la fin du XIXè siècle que l'homme a réellement influencé, de manière profonde, son milieu.
Jusqu'à le déséquilibrer ? "Il y a un consensus actuellement pour dire que l'augmentation de l'émission des gaz à effet de serre fait augmenter la température moyenne du globe, reconnaît Michel Hoepffner, directeur de recherche à l'IRD (Institut de recherche pour le développement). Les 10 années les plus chaudes du siècle se répartissent sur les 20 dernières années. Bien sûr, il faut replacer l'évolution actuelle dans la perspective des successions de cycles glaciaires et interglaciaires des derniers millénaires. Nous sommes en période de déglaciation. Mais cela n'explique pas tout". L'étude des variations climatiques tout au long du Quaternaire permet justement de valider avec les données du passé des modélisations mathématiques du climat capables de décrire, et donc de prévoir, l'évolution du climat. Car si nous allons à coup sûr vers un réchauffement dans les 50 prochaines années, il n'est pas dit qu'une nouvelle glaciation ne provoque pas un refroidissement notable dans quelques centaines d'années. À moins que l'activité humaine ne bouleverse le cycle des glaciations qui avait jusque-là rythmé le quaternaire. Une chasse au trésor (poilu) : Le mammouth procurait à ses chasseurs tout ce dont ceux-ci avaient besoin : nourriture, os pour les huttes, fourrure, ivoire pour les outils. Jusqu'à sa graisse qui entretenait le feu.

MACHINES À REMONTER LE TEMPS

Pour remonter le temps, les scientifiques utilisent le témoignage des sédiments marins. Au fond des océans, les squelettes de micro-organismes marins se déposent, années après années. Ils constituent ainsi des couches successives de sédiments. Plus la couche est profonde, plus elle est ancienne. En forant des trous dans les fonds océaniques, les scientifiques récupèrent des "carottes" sédimentaires qui racontent l'histoire du climat sur des centaines de milliers d'années. L'indicateur de la température, c'est l'atome d'oxygène. Cet atome peut se trouver sous deux formes, appelées isotopes, selon qu'il contient 8 neutrons, ou 10. Dans ce dernier cas, il est dit lourd. La proportion d'oxygène 16 (16 comptabilise le nombre de neutrons et de protons) et de son isotope l'oxygène 18 varie dans l'eau de mer suivant la température. Un phénomène qui s'explique, grossièrement, ainsi sous les Tropiques, l'eau de mer s'évapore. Puis la vapeur d'eau remonte vers les pôles. En période froide, l'eau va se condenser rapidement. Or les molécules d'eau plus lourdes auront plus facilement tendance à retomber en mer sous forme de pluie que les autres. La mer s'enrichit en oxygène 18. Et cela au détriment de la glace polaire. En effet, la vapeur d'eau qui arrive aux pôles en période froide s'est appauvrie en oxygène 18. Or, c'est cette vapeur d'eau qui va constituer la calotte glaciaire. Résultat : en période froide, l'eau de mer est plus riche en 180, tandis que les glaces polaires en contiennent moins. Si l'atmosphère se réchauffe, la proportion d'oxygène 18 diminue dans l'eau de mer et augmente dans les glaces. Or, la composition en oxygène des sédiments marins reflète exactement celle de la mer. L'étude de la proportion d'oxygène 16 et 18 dans les carottes sédimentaires trahit ainsi la température locale de l'époque.
Les forages dans la glace témoignent du même phénomène, à ceci près que la proportion des isotopes de l'oxygène varie de manière inverse dans la glace. En 1998, un carottage de 3623 m de profondeur au cœur de l'Antarctique, dans la station soviétique de Vostok, a permis de remonter à 420.000 ans. Mais l'analyse des glaces fournit également d'autres renseignements : en se formant, la glace a piégé de minuscules bulles d'air, véritables "atmosphères fossiles". On a pu ainsi montrer que la quantité de dioxyde de carbone contenue dans l'atmosphère augmentait avec la température. Reste à savoir Si le C02 est responsable de l'augmentation de température ou s'il n'est qu'une de ses conséquences.
La carotte du climatologue : Les carottes de glace permettent d'étudier l'évolution de plusieurs paramètres : la température, mais aussi les gaz atmosphériques, grâce aux bulles d'air qui y sont emprisonnées.

Anne Debroise - SCIENCE & VIE Hors Série > Décembre > 2000

Des Fraises à Noël

Les historiens affinent l'étude des variations climatiques. Ainsi, l'Europe médiévale a connu un climat bien plus doux qu'aujourd'hui. Particulièrement propice à la prospérité agricole et économique.

Le climat oscille sans cesse. À l'échelle d'un million d'années, il se plie aux variations de la configuration de la Terre, à la mise en place des continents, à la montée des grands massifs montagneux. À l'échelle de quelques dizaines de milliers d'années, il réagit aux variations de la trajectoire de la Terre autour du soleil (thèse de Milankovitch). À l'échelle de quelques années aussi. Le climat peut ainsi se refroidir à la suite d'une éruption volcanique qui, obscurcissant l'atmosphère de poussières, interpose un écran entre les rayons du Soleil et la sufface de la Terre.
Ces variations courtes sont étudiées depuis peu. En effet, tant que les océanographes prélevaient des sédiments dans les grands fonds océaniques, ils n'avaient pas accès à ces renseignements. La sédimentation, très lente, y atteint 1 à 5 cm par millier d'années. En s'intéressant aux sédiments côtiers, où la sédimentation se fait à l'échelle de plusieurs mètres par millénaire, ils ont pu détailler les variations climatiques avec beaucoup plus de finesse. Ils ont ainsi mis en évidence des oscillations à l'intérieur même des périodes glaciaires et interglaciaires.
Ces études scientifiques ont surtout confirmé la justesse des travaux menés par les historiens sur les climats du passé. Au nombre de ces oscillations fines, on retrouve en effet dans les sédiments l'optimum climatique du Moyen âge (de 900 à 1300), suivi du petit âge glaciaire (1550 à 1850) connus depuis quelques dizaines d'années par les historiens. En dépouillant les archives diverses, les lettres, les agendas, les dates des vendanges, les récits d'événements historiques liés à la météo, ils avaient en effet émis l'hypothèse que le Moyen Âge était particulièrement chaud, tandis que les périodes qui suivirent connurent des hivers très rudes, comme en témoignent les scènes hivernales peintes par les Breughels. Une chronique liégeoise raconte, par exemple, qu'en 1116 on a découvert des fraises mûres à Noël. À la même époque, la vigne était cultivée jusqu'en Angleterre. L'Europe tout entière semblait bénéficier d'un climat plus doux qu'aujourd'hui, propice à la prospérité agricole et économique. D'autres signes attestent, par la suite d'un retroidissement. On sait par exemple qu'en 1511 l'artillerie du Pape Jules II a traversé le Pô gelé.
Cette succession de périodes chaude puis froide a permis d'éclairer certaines périodes de l'histoire d'un jour nouveau. L'épopée viking en est, sans doute, un des exemples les plus marquants. Profitant du réchauffement climatique et de la fonte des glaciers qui dégage les voies maritimes, Erik le Rouge prend la mer en 980. Il découvre le Groenland, ce qui signifie la "Terre Verte". Un joli nom qui témoigne de la douceur du climat de l'époque. La colonie Viking prospère tant que l'agriculture y est possible, mais commence à péricliter au XIVè siècle avec le refroidissement. La banquise s'étend vers le sud et coupe les voies maritinies entre le Groenland, devenu blanc, et la métropole. Ce n'est qu'avec la fin du petit âge glaciaire, au XVIIIè siècle, que l'île sera redécouverte par les Norvégiens qui fonderont sa capitale, Godthab.
On sait aujourd'hui qu'à l'optimum climatique la température moyenne sur l'Europe a augmenté de plus de 1°C Une variation importante puisque à peine 3 à 4°C séparent une glaciation d'une période interglaciaire comme aujourd'hui. Mais ces variations n'avaient rien d'uniforme. Le rechauffement moyenâgeux et le petit âge glaciaire qui lui a succédé se sont manifestés à des temps et des lieux différents. C'est ainsi que les glaciers de la vallée de Chamonix ont connu une avancée maximale en 1820, 1835, 1866 et 1880, en pleine période de réchauffement. Or seules les archives historiques peuvent s'adapter à l'étude des différences locales de climat. Car on ne trouve pas des glaciers, des sédiments lacustres ou océaniques partout !
Pour suppléer à la glaciologie et à l'étude des sédiments, les historiens ont donc dû mettré en place une méthodologie standardisée de façon à s'affranchir des approximations et des biais introduits par les documents étudiés. Seuls les écrits d'époques, et seuls les originaux, sont aujourd'hui pris en compte. Un exemple particulièrement frappant de ces écrits jugés "fiables" sont les registres des rogations. De quoi s'agit-il ? Dans toute l'Espagne et dans ses colonies, l'Eglise tenait le compte des actes liturgiques et des processions qu'elle organisait pour influencer la météo. Ces rogations, prières pour la pluie et autres processions contre le gel, étaient accordées aux paroissiens moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. L'étude des registres des rogations révèle, par exemple, que la fin du XVIè siècle était particulièrement humide en Espagne. La fin du XVIIIè siècle a été, quant à elle, marquée par des sécheresses contrastant avec de fortes crues.
Pour les historiens, toute archive est devenue matière à étudier le climat. Des traditionnelles dates de vendanges au moins traditionnel coût des brise-glace utilisés pour rendre navigables les canaux aux Pays-Bas. Toutes ces études confirment qu'aux variations générales et millénaires du climat se superposent d'autres fluctuations, plus fines et plus localisées, qui se comptent en centaines voire en dizaines d'années. Bref que le climat change sans arrêt. Il devient alors bien difficile de déterminer si l'été très sec de l'année dernière et les pluies diluviennes de l'année précédente ont pour cause l'effet de serre, la déglaciation qui prend fin, la glaciation qui arrive ou toute autre perturbation encore mal connue...

Anne Debroise - SCIENCE & VIE Hors Série > Décembre > 2000

Sur les Traces du Déluge

Parmi les mythes fondateurs de l'histoire humaine, celui du Déluge occupe une place à part. Ne serait-ce que par son retour en force sur la scène scientifique... à titre d'hypothèse séduisante.

"En ce jour-là, toutes les sources du grand abîme jaillirent, et les écluses des cieux s'ouvrirent. La pluie tomba sur la Terre quarante jours et quarante nuits... les eaux furent sur la terre pendant cent cinquante jours". Une tragédie terrible, cette inondation, au point d'être transcrite dans la Genèse, ou bien encore dans l'épopée de Gilgamesh, héros sumérien dont le récit fabuleux a été retrouvé en Mésopotamie, sur des tablettes d'argile cuite vieilles de 4700 ans. Fait de bruit et de fureur, ce mythe fondateur hante les populations de tout le Croissant Fertile, de la Turquie au golfe Persique. "Dans l'histoire comme dans la préhistoire, la notion de déluge apparait dans beaucoup de cultures, souligne Paul Sanlaville, géomorphologue et ancien directeur de la Maison de l'Orient Méditerranée. Et de ce fait, il semble qu'il y ait eu non pas un déluge mais plusieurs déluges, liés à la fois à la forte remontée du niveau des mers à la fin de la dernière glaciation et à l'existence d'un climat plus humide dans des réions jusque-là semi-arides comme le Proche-Orient". D'ailleurs, toutes les traces géologiques attestant d'une submersion en une région donnée sont associées, notamment, à une montée des mers et des rivières en période de fonte glaciaire. Exit l'hypothèse de précipitations diluviennes. Ou bien alors seulement de fortes pluies qui n'auraient fait qu'aggraver des crues fluviales.
Si déluge biblique il y a eu, il faut en chercher la "source" au fond des eaux. Mais où ? Les versions divergent. Certains le situent dans le golfe Persique, d'autres dans la mer Noire. Soutenue par deux géologues américains du laboratoire de géosciences Lamont Doherty (Etat de New York), cette dernière hypothèse a le vent en poupe.
Remontons 20.000 ans en arrière, lorsque la mer Noire forme un immense lac d'eau douce, alimenté par les grands fleuves de l'Europe de l'Est. Quant au détroit du Bosphore, il est fermé. De l'autre côté, au-delà de la mer de Marmara, la Méditerranée monte au fur et à mesure que les glaciers d'Europe, d'Asie et d'Amérique fondent, ce depuis la fin du dernier épisode glaciaire du Quaternaire. Jusqu'au moment où le barrage rocheux du Bosphore cède, voilà environ 7.500 ans. Pour les deux chercheurs, il faut imaginer un énorme torrent, jusqu'à 400 fois plus puissant que les chutes du Niagara, déversant des trombes d'eau salée dans le lac situé 150 mètres plus bas. Cela dans un grondement audible à plus de 100 kilomètres à la ronde. Jour après jour, le niveau de l'eau monte de plusieurs centimètres. Au total, il atteindra près de 13 mètres en deux ans, inondant quelque 100.000 km² de terres. Pour les populations ayant élu domicile sur les berges fertiles du grand lac, c'est une véritable catastrophe. Et elle semble fort s'être produite de cette manière, au vu des derniers résultats obtenus par William Ryan et son collègue Walter Pitman.
En fait, nombre de géologues et d'archéologues sont sur sa piste depuis plusieurs décennies. Ils savent que d'autres catastrophes de ce type ont eu lieu bien avant celle relatée dans la Bible : mais les humains n'étaient pas encore là pour en attester, ou bien ne disposaient pas de l'écriture. Ainsi, en 1971, William Ryan, déjà lui, découvre des dépôts salés épais de plusieurs dizaines de mètres sous le fond boueux de la Méditerranée. Pas supposés se trouver là, ils attestaient visiblement d'une chute dramatique du niveau de l'eau. Biochronologie et magnétostratigraphie permettent de la dater : six millions d'années. À l'origine de ce phénomène, c'est peut-être la dérive des continents qui aurait fermé temporairement le détroit de Gibraltar. Quelque 600.000 ans plus tard, ce barrage naturel laissa à nouveau passer les eaux de l'Atlantique. Celles-ci s'engouffrèrent dans une gigantesque cataracte pour remplir la Méditerranée en moins d'un siècle. D'abord rejetée par la communauté scientifique, l'idée a fait son chemin. Elle est aujourd'hui totalement intégrée. Tout comme le fait qu'un déluge, et a fortiori celui de la Bible, a de grandes chances de survenir à proximité d'un goulet naturel.
Quelles sont les zones marines susceptibles de répondre à ce critère géographique? Il y a la mer Rouge et le golfe Persique, présentant de surcroît l'avantage d'être situés dans la partie du globe la plus imprégnée du mythe diluvien. Pourquoi pas ? Mais le champ de recherches de Ryan et Pitman les mène ailleurs, dans la mer Noire. Au départ, ils y sont pour comprendre la relation entre remontée du niveau marin et salinisation. C'est en ébauchant différents scénarios que l'idée du Deluge germe dans leur tête. Déjà le Bosphore offre le profil idéal : ce détroit peu profond, étroit, pouvait facilement servir de valve pour le flot d'eau venant du nord de la Méditerranée vers la mer Noire. Et en épluchant la littérature scientifique les deux Américains découvrent le passé tumultueux de cette mer. De lacustre, son milieu est devenu marin et vice versa. Au total, peut-être plus de six événements de la sorte, liés aux périodes de réchauffement climatique.
Cependant, la plus récente des intrusions de la Méditerranée dans le grand lac semble avoir été particulièrement brutale. C'est déjà ce que suggeraient, en 1938, les premières analyses de carottes effectuées par les Russes. Pionniers de la recherche océanographique en mer Noire, ils avaient trouvé par une profondeur d'eau supérieure à 200 mètres des particules de vase, témoins d'eau douce, recouvertes de sapropèles datant de 7800 à 3000 ans ; la formation de cette dernière couche privée d'oxygène s'explique par une pénétration d'eau de mer, qui, plus lourde, s'infiltre sous l'eau douce saumâtre. Du fait des différences de salinité, les deux couches ne se mélangent pas, et l'oxygène dissous dans la couche supérieure n'atteint jamais les profondeurs. Il en résulte une dead zone couverte d'une boue sombre où seules des bactéries anaérobies peuvent survivre. Cependant rien, dans les travaux des chercheurs russes, n'évoquait l'hypothèse d'un déluge.
Un lac devenu mer : Voici 7500 ans, le barrage rocheux du Bosphore aurait cédé : la Méditerranée aurait alors déversé ses eaux dans la mer Noire, inondant en 2 ans 100.000 km² (en bleu clair).

DATATIONS TROUBLANTES

Jusque dans les années 1990, la plupart des scientifiques adoptent la même version des faits : avec la fonte des glaciers, il y a 7500 ans, le niveau de la mer Noire, alimentée en eau douce par les grands fleuves, est monté graduellement au même rythme que celui de la Méditerranée. Jusqu'à ce que les eaux lacustres et marines se rejoignent par-dessus le Bosphore. Un scenario auquel Pitman et Ryan, à l'époque ne vont pas adhérer. Encore leur faut-il des preuves contraires, à condition de pouvoir prélever leurs propres carottes. La clé à trouver : des animaux marins fossilisés ayant tous le même âge, soit -7500 ans. Elle confirmerait le fait que la mer Noire s'est bien remplie en quelques années, et la faune parvenue en masse de la Méditerranée. En revanche, "si le remplissage a été graduel, les coquillages des couches supérieures devraient être plus jeunes", expliquent Ryan et Pitman dans leur ouvrage paru en 1998 (Noah 's Flood, Simon and Schuster). Et dans ce cas, pas de déluge.
En juin 1993, la première mission océanographique russo-américaine apporte de l'eau à leur moulin. En explorant le fond de l'eau près des côtes russes et ukrainiennes, autour de la péninsule de Crimée, ils dressent la carte des premiers mètres du plancher marin, à environ 120 m de profondeur. Elle montre une couche de gravier et d'argile, qui présente des signes d'érosion. Un indice tout à fait plausible d'ancien rivage, peut-être les rives d'un delta recouvert par la mer. À cet endroit, les carottes révèlent des sédiments concassés et secs contenant des mollusques d'eau douce (Dreissena) et des racines de plantes. Mieux, elles montrent que l'extinction de ces animaux a eu lieu en seule fois, autour de 5400 ans avant J-C. "Signe qu'il s'est passé quelque chose de violent", note Gilles Lericolais, géologue à l'Ifremer. Juste au-dessus de cette couche de coquilles écrasées, se trouvent quantités de Mytulis edulis, mollusques marins très abondants en Méditerranée. Leur datation au carbone 14 révèle pour tous le même âge, autour de 6900 ans.
Reste que ces résultats ne couvrent qu'une partie littorale de la mer Noire. Il fallait des preuves supplémentaires. Géologiques encore. Elles vont venir d'une mission franco-roumaine baptisée "Blason" et organisée en mai 1998. Sondeurs multifaisceaux et capteurs sismiques scrutent les fonds marins, tandis que plusieurs dizaines de carottages sont effectuées entre 2200 et 15 mètres au-dessous du niveau de la mer. Gilles Lericolais, chef de cette mission, est formel : "Avant l'ouverture du Bosphore, le rivage de la mer Noire était au moins 100 mètres en dessous de la Méditerranée d'alors et du rivage actuel". Par la combinaison d'images sismiques, les géologues ont obtenu une image très précise et en trois dimensions des fonds sous marins. Un outil fort utile pour chercher des traces d'anciens rivages, des paléorivages ; en effet, lorsque la mer monte progressivement, elle marque le littoral de traces successives. "Tant que l'on ne retrouve les dernières traces de rivages, datés de - 7100 ans qu'autour de 120 m de profondeur, cela va dans le sens d'une gigantesque inondation, précise G. Lericolais. Mais si l'on décelait des paléorivages successifs jusqu'au rivage actuel, contenant des coquilles d'eau douce de 7500 ans, cela remettrait en question la théorie de Ryan et Pitman !"
Ainsi, ces dunes sous-marines repérées à 90 mètres sous les eaux, sur le plateau continental au nord-ouest de la mer Noire, pourraient correspondre à ces paléorivages. S'agit-il de formations créées par les vents ou par les eaux ? Au vu des paramètres aujourd'hui disponibles sur cet alignement de dunes, on est sur le point de trancher... en faveur d'une érosion éolienne. En effet, ces dunes présentent une structure et une morphologie caractéristiques du milieu désertique. Ce qui ne serait pas étonnant sachant qu'à -9000 ans, donc avant le déluge, il y eut une époque d'aridité assez importante. Mieux encore : des carottes recueillies au creux et au sommet des dunes abondent dans ce sens. Les premières révèlent encore et toujours le même agencement : une longue accumulation de sédiments lacustres, puis une couche fine de coquilles de Dreissena concassées au-dessus desquelles on trouve des moules, vieilles de 7000 ans. Enfin, les secondes carottes montrent un sable très particulier formé par érosion éolienne, sans trace de lent grignotage marin. Aussi les dunes auraient-elles été submergées en un laps de temps très court... Un an, dix ans ou bien davantage ?
Pour confirmer le cataclysme, il faudrait trouver trace de ce gigantesque écoulement au niveau du détroit du Bosphore. Il semble que c'est chose faite, depuis la cartographie des fonds de la mer de Marmara, en septembre dernier, sous l'égide de Xavier Le Pichon, professeur au Collège de France. L'autre piste évoquée avec amusement par Lericolais - trouver des traces de départ précipité des habitants - est bien sûr illusoire. Mais rien n'interdit, en revanche, d'espérer récupérer des vestiges d'habitations sous les flots. Il y a 30 ans, un géologue bulgare avait remonté une assiette néolithique au nord-ouest de la mer Noire. Et William Pitman de spéculer que "cette période aride a pu amener les gens vers les rives de la mer Noire plus clémentes". Or, des fouilles archéologiques dans le Moyen Orient ont révélé un certain nombre de villages du Néolithique abandonnés durant cette période. De plus le temps du déluge correspond - preuves archéologiques à l'appui - à l'arrivée de nouveaux habitants dans les Balkans et en Europe centrale (Arménie, Géorgie, Moldavie, Roumanie). Des poteries trouvées dans ces sites offrent les mêmes caractéristiques que celles mises au jour près de la mer de Marmara... Autant d'indices qui plaideraient en faveur d'une migration de la population auparavant installée dans les zones du grand lac.

MER NOIRE OU GOLFE PERSIQUE ?

Nouveau venu dans cette course aux indices, le très médiatique géologue américain Robert Ballard, connu pour avoir travaillé avec l'lfremer sur l'exploration du Titanic. En septembre 2000, il a exploré à l'aide d'une caméra robot les fonds de la mer Noire. Et trouvé des restes d'une ancienne structure carrée en bois, d'environ treize mètres sur quatre - peut-être les fondations d'une maison - ainsi que des indices d'outils et de vaisselle en céramique. De quoi établir l'installation d'humains dans cette région, avant le cataclysme. Mais il faut encore confirmer l'époque de cette structure submergée ; seule la datation d'échantillons - pas encore extraits - le permettra.
Quoi qu'il en soit, Ryan et Pitman ont poussé encore plus loin leur théorie du Déluge. En effet, ils le considèrent comme l'un des principaux facteurs de diffusion de l'agriculture le long des principales vallées de l'Europe du Sud-Est. Ils se plaisent à rappeler que la charrue et l'irrigation seraient apparues brusquement, à peu près à la même époque que l'inondation, dans le Transcaucase, la Moldavie et la Roumanie. Certes, les archéologues savent que l'agriculture est née il y a environ 10.000 ans dans le Croissant Fertile, à l'est de la Turquie. Pour Philippe Marinval (centre d'anthropologie du CNRS à Toulouse), "il est difficile de trancher. Tout ce qu'on constate, c'est une progression, plus ou moins régulière, de l'agriculture à travers toute l'Europe".
Quant à d'autres spécialistes comme Paul Sanlaville, ils réfutent l'idée même de déluge dans cette partie de l'Asie. Pour deux raisons. D'abord, les descriptions de la Bible indiquent assez nettement le Proche Orient comme le siège de la catastrophe : toutes les scènes se déroulent entre la Chaldée (en basse Mésopotamie), la Palestine et l'Égypte. Ensuite, on sait que le golfe Persique s'est complètement vidé au cours de la dernière glaciation ; puis, à partir de -15.000 ans environ, la fonte des calottes arctiques a fait remonter, plus ou moins rapidement, le niveau de l'eau jusqu'à atteindre un maximum (1 à 2 mètres au-dessus de son niveau actuel) aux alentours du quatrième millénaire avant J.-C. Ce phénomène a pu être reconstitué et daté grâce à des carottages dans les sédiments. "Or, la Mésopotamie est une région très basse et très plate, avec une faible pente longitudinale freinant l'écoulement des eaux ; de plus, ses trois grandes rivières - Tigre, Euphrate et Karun (issu du Zagros) - connaissent des crues fort importantes, susceptibles d'inonder à chaque printemps, avant l'ère des grands barrages (avant 1950), des dizaines de milliers de kilomètres carrés", rappelle Paul Sanlaville. In fine, une telle remontée du niveau marin a gêné l'écoulement des eaux fluviales, relevé le niveau des nappes phréatiques et entraîné lors des crues de printemps des inondations beaucoup plus dramatiques qu'auparavant. Le mythe du déluge aurait pu naître alors de cette irrésistible montée des eaux marines, reprenant d'abord possession du golfe Persique, puis pénétrant dans le sud de la Mésopotamie et transformant une zone sèche et aride en lacs et marécages. La remontée totale des eaux du Golfe aurait pris près de 10.000 ans, mais "les dix derniers mètres se sont échelonnés sur une ou deux générations seulement souligne Sanlaville. Ils ont sûrement profondément affecté les populations, qui se sont retrouvées dans un milieu très différent du milieu originel."
Là aussi. comme sur la mer Noire, les indices convaincants ne manquent pas. Notamment une forte sédimentation fluviale datant de cette époque en basse Mésopotarnie, et d'où on a dégagé des sites sumériens. Quoi qu'il en soit, les "déluges" semblent avoir ponctué la vie des humains ; le récit biblique se rapporterait alors à une inondation plus catastrophique que d'autres.

Patricia Chairopoulos - SCIENCE & VIE Hors Série > Décembre > 2000
 
 

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