Cénozoïque (± 4,435 à 4,508 Ga, - 65 Ma à Aujourd'hui, D = 65 Ma)

Paléogène (± 4,435 à 4,477 Ga, -65,50 à -23,03 Ma, D = 42,47 Ma

Paléocène (± 4,44 Ga, -65,50 à -55,8 Ma, D = 9,7 Ma

Présentation du Paléocène

Le Paléocène est la première époque de l'ère Cénozoïque. Cette dernière est la plus courte de l'histoire terrestre. Il est précédé du Crétacé et suivi de l'Éocène.

Il débute par un événement bien connu : la limite Crétacé-Tertiaire, il y a 65 millions d'années. La crise biologique qui y est associée pourrait être due au recoupement des effets d'un impact météoritique (caractérisé par un pic d'iridium dans les sédiments) et d'une activité volcanique intense (mise en place des plateaux de basaltes du Deccan). On peut ajouter à cela, une régression du niveau marin (intense activité de la dorsale médio-Atlantique due à l'ouverture de l'océan) associée à un refroidissement global.

SUBDIVISIONS

+ Paléocène (65,50 à 55,8 Ma, D = 9,7 Ma)
   - Danien (65,50 ± 0,30 à 61,70 ± 0,20 Ma, D = 3,8 Ma)
   - Sélandien (61,70 ± 0,20 à 58,70 ± 0,20 Ma, D = 3 Ma)
   - Thanétien (58,70 ± 0,20 à 55,80 ± 0,20 Ma, D = 2,9 Ma)

Biologie

LA DIVERSIFICATION DES MAMMIFÈRES

Il y a quelque 65 Ma donc, les grands reptiles (dinosaures, ptérosauriens), les ammonites, bélemnites, foraminifères planctoniques et rudistes disparaissent de la surface de la Terre ; d'autres ordres se maintiennent, mais les populations diminuent. Malgré cette apparente hécatombe, des représentants des 4 ordres de reptiles se maintiennent et évoluent : tortues, crocodiles, lézards et serpents. Premiers périssodactyles, glires, primates.
Les victimes de l'extinction sont les espèces de grande taille ayant évolué jusqu'à une spécialisation extrême, qui les vouait à une prochaine disparition. D'ailleurs plusieurs groupes se sont sans doute éteints quelques millions d'années avant la fin du Maastrichtien.

LES AUTRES ANIMAUX

Ne négligeons pas les autres classes d'êtres vivants comme les mollusques, qui subissent une phase de diversification au Danien, ceci afin de combler les niches écologiques occupées jadis par les ammonites, bélemnites et autres prédateurs de taille moyenne.
Les insectes, eux, constituent une sorte d'équivalent terrestre des Mollusques. Peu touchés par la récente crise biologique, ils poursuivent leur évolution depuis des millions d'années.

LA CONQUÊTE TERRESTRE DES ANGIOSPERMES

Dans le règne végétal, les Angiospermes, qui étaient apparues à la fin du Crétacé, se répandent pour conquérir l'ensemble de la terre. Les premières forêts d'arbres à feuilles caduques et graminées se manifestent, mais restent peu abondantes durant la première période du Tertiaire. Au XIXè siècle, dans les tufs de la commune de Sézanne, des fouilles ont mis au jour des restes fossilisés d'une vigne de l'âge terciaire (50 millions d'années) qui a été baptisée Vitis Sezannensis. Cette variété, disparue de l'Europe, subsiste de nos jours dans le Sud-Est du continent américain.

Tectonique

Du point de vue de la tectonique des plaques, le Paléocène représente l'étape ultime du démembrement de la Pangée avec l'ouverture de l'Atlantique Nord, il y a 100 Ma, qui sépare le Groenland du continent européen. La Terre est alors encore partagée en deux moitiés au niveau de l'équateur par l'océan téthysien.
L'Australie et l'Antarctique sont en passe d'être deux masses distinctes, ce qui va permettre la mise en place d'un courant circum-Antarctique qui va dès lors isoler le continent austral des eaux plus chaudes et engendrer son englacement.
L'Inde est déjà complètement détachée de l'Afrique, ceci depuis quelques millions d'années (68 Ma). Le passage à proximité d'un point chaud provoque une intense activité effusive et la mise en place des plateaux de basaltes du Deccan. La microplaque se trouve à présent en position équatoriale. Avec elle, les continents, Africain, Indien et Australien se rapprochent de l'Eurasie, qu'ils vont rencontrer quelque 10 millions d'années plus tard.
Au niveau de l'Europe, la collision entre les plaques eurasienne et africaine a commencé, ce qui entraîne les premières phases de déformation compressive. La Téthys est toujours présente, mais en phase de fermeture. Elle laisse deviner la position de la future Méditerranée. Plusieurs micro-continents sont déjà partis en subduction vers le sud, comme le briançonnais. L'océan valaisan est alors ouvert et les premiers flysch, se sont accumulés à la marge nord de la plaque apulienne.
En Amérique, l'événement géologique majeur du Paléocène est la formation de la chaîne des Rocheuses, une chaîne de 3.500 km de long, d'orientation Nord-Sud qui s'étend à l'Ouest du Canada et des États-Unis d'Amérique.
Le niveau marin au Paléocène fluctue : après une chute à la limite KT, il y a progradation, jusqu'à un très haut niveau, puis à ~60 Ma, une nouvelle chute de quelque -20 mètres, se produit, pratiquement identique à la précédente. Ensuite, jusqu'à la limite avec l'Eocène, le niveau remonte progressivement jusqu'à +15 mètres. Cette évolution est celle de l'ensemble du globe et correspond un stade de haut niveau marin. En Europe, la plupart des terres sont immergées.

CLIMAT

Le climat était sensiblement plus chaud au Paléocène (et au début de l'Eocène) que pendant tout le reste du Tertiaire ; un climat sub-tropical régnait sur l'ensemble de la terre. Une flore tropicale s'étendait jusqu'à 50° de latitude de part et d'autre de l'équateur, même en Alaska des traces de flore fossile témoignent de cette ampleur. Des saisons peu marquées expliquent en partie ce climat. Et si l'on accepte l'hypothèse de la météorite marquant la fin de l'ère Mésozoïque, elle pourrait expliquer cette "anomalie". Le Paléocène correspond donc à une phase de haut niveau marin : presque toute l'Europe est submergée.

CRISE CLIMATIQUE

À la fin du Paléocène, il y a environ 55 millions d'années, le climat devint encore plus chaud, comportant un maximum thermique local et provoquant des changements dans la végétation. Les forêts se transformèrent en véritables forêts tropicales, denses ; et certains primates ne résistèrent pas au changement. Les faunes les plus touchées furent : le micro-plancton marin, les foraminifères benthiques et les mammifères terrestres. Les fluctuations touchent particulièrement les hautes latitudes. Le réchauffement est provoqué par un dégagement massif de méthane et marque la limite avec la période suivante : l'Eocène, durant laquelle les primates évoluèrent pour se rapprocher des espèces plus modernes. L'origine de cette crise climatique serait un dégagement massif de dioxyde de carbone dû au volcanisme intense causé par l'ouverture de l'Atlantique Nord (Islande) ayant entraîné la fonte des hydrates de méthane, un gaz qui une fois relâché, aurait augmenté la temperature de au moins 5 degrés Celsius. Elle aurait duré 100.000 ans et serait selon certains auteurs, d'une ampleur comparable à celle qui risque de débuter, si les humains continuent à produire autant de gaz à effet de serre.

Wikipédia > Septembre > 2010

La Revanche des Mammifères

Du temps des dinaosaures, la discrétion était de mise : la plupart des mammifères n'étaient pas plus haut qu'une souris. Mais la fin des géants leur a libéré la place. Dans un climat plutôt chaud, ils vont s'épanouir.

Après la crise de la fin du Secondaire et la disparition des dinosaures, les continents se trouvent dépourvus d'animaux de grande taille. Les seuls reptiles survivants sont de dimensions réduites : serpents, lézards, petits crocodiles et, les plus résistants aux changements, les tortues.

Les oiseaux sont les premiers à tenter de prendre la place dominante du règne animal. Ils s'imposent alors par leur taille.

C'est le cas du (<-) Gastornis parisiensis, un énorme oiseau de plus de 2 mètres de haut, baptisé ainsi car il fut découvert près de Paris. Ses ailes réduites ne lui permettent pas de voler, mais il a de longues et puissantes pattes, une grosse tête et un bec acéré.

Sans parler du "monstrueux oiseau incroyable" (Teratornis incredibilis <-), un vautour géant d'Amérique de 5 mètres d'envergure. Mais ces monstres à plumes ne seront qu'éphémères. Les oiseaux qui persisteront ont des tailles plus modestes : vautours, corbeaux, hiboux, canards et autres petits passereaux.

En ce début d'ère tertiaire, le climat qui règne sur la terre est chaud et humide. Il favorise l'expansion des forêts fleuries, tropicales et subtropicales, particulièrement riches en palmiers, sycomores, conifères, lauriers, camphriers et fougères. Dans cette végétation dense et luxuriante, les mammifères commencent à se diversifier, mais ils restent encore de taille modeste. Parmi les nouveaux venus, on note un écureuil, et Phenacodus ->, un lointain parent des chevaux, tapirs et rhinocéros.

De façon surprenante, la plupart de ces animaux se nourrissent de fruits, de baies et de pousses, mais dédaignent les feuilles des arbres. Pourquoi ne pas exploiter une telle ressource alimentaire ? Très probablement parce que les saisons peu marquées ne favorisent pas la chute et le renouvellement régulier des feuilles. En guise de protection, et contre le dessèchement, celles-ci sont chargées de composés chimiques peu comestibles et enrobées d'une épaisse cuticule cireuse.

C'est un peu plus tard, au Paléocène supérieur, que se développent les mammifères carnassiers. Et en premier lieu les Créodontes ou "dents à viande" : certains (Oxyaenides) ressemblent à de grosses belettes, mais avec une tête particulièrement volumineuse, d'autres, comme Deltatherium, ne sont pas plus gros qu'un rat. À la même époque, des espèces herbivores plus grandes apparaissent, tels les Téniodontes, comparables au wombat actuel d'Australie, parés de lourdes pattes et d'incisives proéminentes pour fouiller le sol à la recherche de racines et des tubercules. Tous restent cependant archaïques, maladroits et peu graciles...

Avec la participation de Léonard Ginsburg et Pierre-Olivier Antoine

M.V.-H. - SCIENCE & VIE Hors Série > Décembre > 2000

Les Origines du Réchauffement de la Fin du Paléocène

N.B. - POUR LA SCIENCE N°540 > Octobre > 2022
 
 

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