Précambrien -4,6 Milliards à -542 Millions d'A : 0 à 4,058 Ga

NéoProtérozoïque ; de -1 Ma à -542 Mo, ou 3,5 à 3,958 Ga, D = 458 Ma

Les bornes exactes peuvent varier quelque peu suivant les auteurs et l'ancienneté des publications. Cette ère couvre une période de temps pendant laquelle on trouve des fossiles de métazoaires, mais seules des algues et éponges peuvent être reconnues à partir de leurs formes modernes.

Trois systèmes ou périodes constituent le Néoprotérozoïque :

- Tonien (-1 Ga à -850 Ma, D = 150 Ma)
- Cryogénien (-850 à -630 Ma, D = 220 Ma)
- Édiacarien (-630 à -542 ± 1 Ma, D = 88 Ma)

PALÉOGÉOGRAPHIE : Les données restent imprécises, mais on considère que cette ère est l'objet de déplacements continentaux complexes. Le supercontinent Rodinia s'est fragmenté en probablement huit pièces distinctes, engageant une phase active de tectonique des plaques.

Deux glaciations sévères se produisent, une vers 750 Ma et l'autre vers 600 Ma. Durant la plus récente, la glaciation Varanger, la banquise descend jusqu'à l'équateur, amenant le globe à un état connu sous le nom de terre boule de neige. Un débat existe quant à savoir si la banquise est réellement descendue jusqu'à l'équateur ou si une zone de mer libre y subsiste.

BIOTOPES : L'idée de l'ère du Néoprotérozoïque est survenue durant les années 60. Les paléontologues du XIXe siècle pensaient que les premiers métazoaires apparaissent au début du Cambrien, avec les trilobites et les archéocyathidés. Au début du XXe siècle, on découvre des métazoaires dans le sud de l'Afrique mais ceux-ci ont alors été incorrectement datés. D'autres sont découverts en Australie vers 1940, mais ne sont pas examinés en détail avant la fin des années 1950. D'autres fossiles potentiels sont trouvés en Allemagne, Arizona, Ontario... Ces fossiles sont maintenant groupés sous le terme de faune de l'Édiacarien, d'autres dénominations ont été utilisées.

Certains de ces fossiles sont reconnus comme étant des pseudo-fossiles, mais d'autres se révèlent être des membres d'une faune complexe qui demeure mal comprise de nos jours. On retrouve dans au moins vingt régions des fossiles de métazoaires précédant ceux du Cambrien.
Quelques animaux apparaissent comme de possibles ancêtres des animaux modernes, mais la plupart des fossiles sont difficiles à classifier — comme ces disques minéralisés, qui ont peut-être servi de protection contre des prédateurs, ou encore des animaux à plaques de provenance inconnue, etc. On les nomme en général animaux Édiacariens ou Vendiens. La plupart sont à corps mou, le plus ancien fossile à corps dur, de la calcite, Cloudina, date du Néoprotérozoïque. Certains paléontologues relient beaucoup ou la plupart de ces formes de vies à des formes de vie modernes, tandis que d'autres font rarement de telles liaisons et considèrent que la plupart de ces animaux sont des représentants d'espèces inconnues de nos jours.

DÉNOMINATION : La nomenclature pour le Néoprotérozoïque a changé durant les dernières décennies : ont successivement été utilisés les termes d'édicarien, de Vendien, de Varangien, de Précambrien, de Proto-cambrien et d'Éocambrien. Quelques auteurs ont d'ailleurs inclus le Néoprotérozoïque dans le Cambrien.
En 2004, l'IUGS a ratifié le nom Édiacarien comme un système géologique du Néoprotérozoïque, s'étendant de 630 +5/-30 à 544 ± 1 Ma.

Tonien (-1 Ga à -850 Ma, D = 150 Ma)

Le Tonien est la première période du Néoprotérozoïque. Elle s'étend de -1000 à -850 Ma. Son nom vient du grec tonas, "étiré", par allusion à la fragmentation du super-continent Rodinia. C'est la première période de l'ère Néo protérozoïque. Le Tonien commence 1 millard d'années avant le présent et s'achève il y a 850 Ma (millions d'années). Les micro-fossiles du Tonien, témoignent de la première radiation évolutive des Acritarches.

Une Floraison Sans Précédent : Lakanda (Sibérie) -950 Mo (3,560 Ga)

La vie atteint à Lakhanda une diversité qu'elle n'avait jamais connue auparavant. L'une des raisons en est que la faune "macrophage" a avalé une flore déjà équipée de chloroplastes, et que de ces symbioses secondaires sont nés de nouveaux types d'algues tels que les chromophytes, les haptophytes, les dinoflagellés. On trouve aussi des hyphes ou des spores de champignon.

Et les animaux ? Apparemment pas encore. Pas la moindre trace sûre d'une hydre, d'une éponge. Mais à quoi donc a-t-on reconnu, plus tard, les éponges de Doushantuo ? à leurs épines, leurs spicules. Si par hasard nous en trouvions une qui ait la même taille, millimétrique, en un temps où aucun animal ne fabriquait de squelette, tout simplement nous ne reconnaîtrions pas qu'il s'agit d'une éponge.

Au Temps de la RODINIA, -800 Mo (3,710 Ga)

Il y a 800 millions d'années, la Terre n'était qu'un vaste océan d'où émergeait un unique gros continent, la Rodinia. La température est estimée à 10,5°C en moyenne, soit légèrement plus fraîche qu'aujourd'hui. Avec une intensité plus faible de 6 %, le soleil lui-même n'avait pas des rayons aussi ardents. Une journée durait moins de 22 heures et une année contenait 13 mois...

La carte, illustre la rupture du supercontinent (Rodinia ou la Rodinie) qui s'est formé il y a 1,1 milliards d'années, (3,41 Ga). Au précambrien inférieur le climat était plus froid qu'aujourd'hui. L'absence de fossiles à carapace et la rareté de données paléomagnétiques rendent très difficiles la réalisation de cartes paléogéographiques du Précambrien. Les scientifiques ne peuvent remonter qu'à 650 millions d'années.
Mais il y a 1,1 MA le Rodinia était rassemblée. C'est le continent le plus ancien connu. Ses dimensions exactes nous sont pourtant, inconnues. Il apparaît que l'Amérique du Nord formait le cœur de ce super continent. À cette époque, la côte Est des USA (Laurasie) était adjacente de l'Ouest Sud-américain et l'Ouest de la côte Nord-américaine était située à côté de l'Australie et de l'Antarctique. Il est frappant de constater que l'Australie se trouve sous nos latitudes, que l'Antarctique se trouve presque à l'équateur, mais dans l'hémisphère Nord et, dans l'hémisphère Sud, on trouve le Groenland, l'Amazonie, la Baltique (Europe du Nord) et au Pôle Sud : le Sahara.
Puis, il y a 750 millions d'années (3,76 Ga), le Rodinia s'est séparée en deux parties en donnant naissance à l'Océan Panthalassique ou Panthalassa, ancêtre de l'océan Pacifique. L'Amérique du Nord s'est déplacée vers le sud en direction du Pôle Sud, couvert de glace. La moitié nord du Rodinia, composée primitivement de l'Australie, de l'Antarctique, de l'Inde, de l'Arabie et des fragments continentaux qui deviendront plus tard, la Chine, pivota dans le sens des aiguilles d'une montre en direction du Pôle Nord frigorifié. La figure ci-dessous illustre cette séparation. Le Congo a amorcé son recentrage et au pôle Sud les plages de Floride et l'Ouest africain, l'Amazonie n'ont pas chaud...

Entre les deux moitiés du Rodinia, s'étendait un troisième continent, le craton du Congo, composé en grande partie du nord de l'Afrique centrale. Le mot "craton" désigne la partie continentale dure et stable par opposition à la ceinture orogénique mobile de la même époque. Il a été attrapé au milieu, lorsque les deux moitiés du Rodinia sont venues se briser sur lui. Vers la fin du Précambrien, il y a environ 600 millions d'annnées (3,910 Mo), les trois continents se sont rassemblés pour former nouveau supercontinent appelé Pannotie. La naissance de montagnes liée à cette collision s'appelle l'orogénie panafricaine.

Cryogénien (-850 à -630 Ma, D = 220 Ma)

Le Cryogénien est la deuxième période du Néoprotérozoïque. Elle s'étend de -850 à -630 Ma. Elle suit le Tonien et précède l'Édiacarien.

Elle est subdivisée en 2 époques :
- le Sturtien de -850 à -650 Ma ;
- le Varangien de -650 à -630 Ma.

Cette période est appelée ainsi car elle a donné lieu à une glaciation générale de la Terre (cryo : froid). Selon certains scientifiques, cette glaciation sévère concerne la planète entière ; selon d'autres, la bande équatoriale est libre de glace.

L'Atmosphère s'est Enrichie en Oxygène plus tôt que Prévu (815 Mo)

POUR LA SCIENCE N°468 > Octobre > 2016

Une Série de Glaciations a transformé la Terre en Boule de Neige :
-750 à -590 Millions d'A, (de 3,760 à 3,920 Ma)

Les glaciers se sont étendus, au niveau de la mer jusqu'aux abords de l'équateur. Les deux principaux épisodes glaciaires ont eu lieu l'un entre -760 et -700 Mo, le second entre 620 et 590 Mo. Comment la vie n'a-t-elle pas été anéantie ? Comment des algues auraient-elles vécu par photosynthèse sous une banquise épaisse de 5 km ? La réponse a été fournie récemment. La simulation par ordinateur a produit un modèle tel que la "boule de neige", avec un taux de glaciation supérieur à celui qu'on peut déduire du changement du niveau des mers à cette époque, réserve près de l'équateur des zones-refuges ou l'océan n'est pas pris par le gel. On imagine comme l'évolution a été accélérée pour des populations isolées dans ces refuges en vase clos, et qui se répandaient après le dégel en d'immenses biotopes aux niches écologiques variées et inhabitées...

La période glacière la plus célèbre est celle que les scientifiques appellent "boule de neige terrestre". C'est la glaciation Varanger qui nous est connue par des dépôts glaciaires appelés "tillite" découverts dans des régions équatoriales. Cela s'est passé entre -750 et -590 millions d'années. Cela fut mis en évidence par des modifications profondes de la distribution du carbone indiquant une diminution de la productivité organique océanique et une coupure de la photosynthèse sur des millions d'années. On parle de températures inférieures à -50°C. Le sol et les océans étaient gelés sur des centaines de mètres. Les calottes polaires auraient atteint l'équateur. Le fond des océans aurait été le seul refuge à quelques créatures sous-marines, là où subsistaient quelques zones de chaleur. Avec la glaciation globale, les eaux de ruissellement n'étaient plus un agent d'érosion.

LA GLACIATION VARANGER FAVORISE LA DIVERSIFICATION DU VIVANT
Il y a 700 millions d'années, l'épisode de "Terre boule de neige" aurait bien favorisé la diversification du vivant. C'est ce que suggèrent les travaux de Noah Planavsky, de l'université de Californie (États-Unis), qui révèlent que la fin de cette glaciation généralisée est contemporaine d'un pic de concentration en phosphore dissous dans les océans. Selon le scientifique, c'est l'érosion des continents lors de la fonte des glaces qui serait responsable de la libération de grandes quantités de ce nutriment. Son abondance dans l'océan aurait ensuite favorisé la prolifération du phytoplancton et donc la libération d'oxygène dans l'atmosphère. De quoi faciliter l'apparition des premiers organismes pluricellulaires.
Em.H. - SCIENCE & VIE Hors Série > Décembre > 2006

POUR LA SCIENCE N°486 > Avril > 2018
POUR LA SCIENCE N°508 > Février > 2020

Il y a 750 millions d'années, à la fin du protérozoïque, la glaciation de la Terre aurait été provoquée par une importante diminution du taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, due à la dislocation du supercontinent Rodinia qui, à l'époque, était centré sur l'équateur et s'étendait du 60e degré de latitude nord au 60e degré de latitude sud. Rodinia a commencé à se fracturer il y a 800 millions d'années sous l'effet de points chauds, sortes de lances magmatiques qui traversent la croûte terrestre et crachent d'énormes quantités de lave. Cet événement s'est accompagné de l'ouverture d'océans et de bras de mer qui ont augmenté la quantité de vapeur d'eau présente dans l'atmosphère, et donc les pluies. Le carbone présent dans les pluies sous forme de dioxyde de carbone s'est bientôt retrouvé dans l'océan, piégé dans les sédiments sous forme de carbonates. Dans le même temps, les énormes écoulements de laves produits par la fracture de Rodinia formaient des surfaces basaltiques à la surface des continents. Or ces dernières consomment huit fois plus de carbone qu'une même surface granitique quand elles s'érodent sous l'effet de l'humidité.
Par ailleurs, le Soleil était plus jeune et diffusait 6 % de chaleur en moins. Malgré la glace qui descendait jusqu'à l'équateur, l'activité volcanique a continué à émettre du CO2 et du méthane (CH4) dans l'atmosphère. Lorsque la concentration de dioxyde de carbone a atteint 350 fois celle d'aujourd'hui, il se serait produit un effet de serre suffisant pour amorcer la débâcle. La fixation des dates limites de cet évènement est encore sujet à discussion. Selon les auteurs, les durées de longueurs variables s'étendent depuis au plus tôt 900 Ma pour le début jusqu'à -540 Ma pour la fin.

UN SOLEIL DISCRET
La température au sol est glaciale, -40 à -50°C en moyenne annuelle, -30 à -15°C, au mieux, à l'équateur. Les rayons bas du couchant font ressortir le grain livide de la peau terrestre. Quand la nuit tombe sur cet univers léthargique ou l'inertie thermique est fortement amoindrie, le thermomètre, dans un noir où résonne encore plus la musique du vide, marque -80°C, peut-être -100°C. Au lever du jour, un grand Soleil est là, se hissant paresseusement au-dessus de l'horizon. Mais au fil des heures, nulle lumière éclatante ne vient illuminer le décor. Les paysages, lugubres, apparaissent comme à travers un rideau de tulle. Phébus, plus jeune et moins puissant qu'aujourd'hui (d'environ 6 %), émet moins d'énergie et brille moins intensément. Une faiblesse de la luminosité qui nimbe l'esquif terrestre d'un halo blanchâtre, d'une ouate un peu sale accentuant sa désolation. Quant à l'air... Très sec car très froid, il est "irrespirable" vu sa faible teneur en oxygène (entre 1 % et 10 % de la teneur actuelle). Les précipitations neigeuses sont rares, faute de vapeur d'eau dans l'atmosphère, mais des vents puissants, diffusant une rumeur uniforme comme le bruit d'une soufflerie démoniaque, balaient ces millions de kilomètres carrés d'une pâleur absolue. Des rivières ? Pas la moindre. Aucune eau liquide ne circule, sauf à la base des glaciers, l'épaisseur des calottes continentales provoquant la fonte de la glace à la jointure du socle rocheux. Apparemment immobile, figée, tétanisée, la gigantesque "boule de neige" qu'est alors la Terre est en fait le siège d'une intense activité glaciaire.
UN FAIBLE SOUFFLE DE VIE - Maintenant, direction la banquise, aussi épaisse qu'opaque (un bouclier de l'ordre du kilomètre). Ce gros matelas de nacre se déchire par endroits pour laisser apparaître d'énormes crevasses au fond desquelles sont probablement tapis de rares organismes unicellulaires. Sous l'effet de la chaleur des volcans, d'autres pans de mer englacée se lézardent, soulevant des vagues d'écume amplifiées par la marée et balançant leurs voisins comme le ferait la houle. Rien n'empêche d'imaginer qu'au sein de ces fractures, à faible profondeur, des algues et des bactéries photosynthétiques résistent elles aussi vaillamment à la dureté du climat.
Les pires choses ayant une fin, l'absence de pluies, conjuguée à l'omniprésence de glace, permettra semble-t-il au C02 craché par les volcans de s'accumuler dans l'atmosphère et de réchauffer lentement mais sûrement une Terre frigorifiée. Soumise 10 à 20 millions d'années d'affilée à ce régime, la planète, à la faveur d'un super effet de serre, aurait dégivré en quelques siècles, tout au plus en un millénaire, une broutille à l'échelle des temps géologiques. Virant au gris sous des abats de poussières, assombrie donc absorbant plus de chaleur, toutes les banquises auraient fini par fondre. Une débâcle synonyme d'évaporation géante, ponctuée de cyclones d'une violence inouïe faisant tambouriner des pluies démentielles sur les continents et hissant à folle vitesse les mers à leur niveau préglaciaire. Le temps qu'il faudra aux roches, par la suite, pour pomper le C02 salvateur ? Aux alentours d'un million d'années. Mais le plus dur était fait !
P. TESTARD-VAILLANT - SCIENCE & VIE HS > Décembre > 2006

C'est le volcanisme qui aurait renversé brusquement la tendance en injectant 350 fois plus (0,12 bar) de dioxyde de carbone que la quantité actuelle, favorisant l'effet de serre et faisant fondre la glace. Ce réchauffement entraîna d'importants volumes de calcaires (calcium et gaz carbonique) qui recouvrent les dépôts de l'ère Varanger.
Un autre chercheur de l'université de Pennsylvanie parle du rôle joué par les champignons, grands absorbeurs de dioxyde de carbone, avec les plantes. Lorsqu'ils sortirent de l'eau, il y a 1,5 milliards d'années, ils auraient tellement absorbés de CO2 que la température serait tombée, par suite de la suppression de l'effet de serre. Il se base sur l'étude des protéines des fossiles de champignons, d'algues vertes et de plantes. Cette hypothèse cadrerait avec la baisse inexpliquée du dioxyde de carbone à cette période et la prolifération des plantes.
L'avantage des hypothèses scientifiques, c'est qu'elles font progresser la science. Elles initient une recherche fructueuse pour mieux comprendre. Toutes ces données sont le résultat de l'analyse pointue de roches et de sédiments déposés au fond de l'océan, là où se trouve aujourd'hui la Namibie, au Sud-Ouest de l'Afrique.

Édiacarien (-630 à -542 ± 1 Ma, D = 88 Ma)

L'Édiacarien (en anglais, Ediacaran, de Ediacara Hill) est la troisième et dernière période du Néoprotérozoïque. Elle s'étend de -630 à -542 Ma. C'est la dernière de tout le Précambrien.

Historiquement, son nom a été utilisé de diverses façons puis a été ratifié en 2004 par l'IUGS. L'ancienne dénomination de ce système est le Vendien, ou parfois le Néo Prot-III. Sa dénomination actuelle fait référence aux collines Ediacara, au sud de l'Australie, où des fossiles très particuliers ont été retrouvés en 1946 par Reginald C. Sprigg et étudiés dans les années 1950 par Martin Glaessner Glaessner a d'abord pensé qu'il s'agissait de formes primitives d'animaux tels des vers ou des coraux. Pendant les décennies suivantes, beaucoup d'autres fossiles précambriens ont été découverts en Australie, mais également dans la zone de la mer Blanche, en Russie, dans le sud-est de l'Afrique et dans l'est de Terre-Neuve.

Avec le temps, cette faune de l'Édiacarien est apparue de plus en plus énigmatique. En effet, si certains de ces fossiles, comme Kimberella, Bomakellia et Xenusion, ou même certaines faunes de petits coquillages, peuvent être rattachés à des formes de vie du Cambrien, beaucoup d'autres, par exemple en forme de goutte, de disque, de fronde ou de domino, n'ont pas de relations connues avec une faune postérieure. Actuellement, le classement de ces espèces est sujet à controverse. La faune de l'édiacarien est appelée parfois faune vendienne. Il a été proposé d'ajouter le nouveau phylum des Vendozoaires pour regrouper les formes de classification incertaine.

Continents de l'Édiacarien (Vendien)

Les roches précambriennes les plus anciennes ont donné des âges de l'ordre de 3,8 Milliards d'A. Les temps géologiques antérieurs au début du Cambrien, qui voit l'éclosion des premières faunes utilisables en stratigraphie, sont qualifiés d'antécambriens ou Précambrien et se situent au-delà de 600 millions d'années. Les terrains formés durant ces périodes sont groupés sous le terme général Précambrien. Le Précambrien supérieur est une période très intéressante au moment où les continents se heurtaient pour former les anciens supercontinents et, de plus, la Terre se trouvait dans une des plus importantes périodes glacières. Les preuves de la glaciation furent trouvées sur presque tous les continents. 70 % de la faune et de la flore périrent. Pourquoi les conditions étaient-elles si froides ?
Bien que plusieurs hypothèses furent avancées, avant qu'il n'y ait des cartes paléogéographiques précises, notamment des liens avec les cycles et orientations astronomiques, mais aucune ne donna une réponse évidente à cette époque. Aujourd'hui avec les connaissances acquises, il s'avère que ce coup de froid s'est produit lorsque la majorité des continents se trouvaient aux pôles, sauf pour l'Australie où de la glace fut découverte alors que le continent se trouvait à l'équateur. Il faut préciser bien qu'une grande partie de la Terre était gelée, il y avait des régions proches de l'équateur, qui étaient libre de glace et jouissaient d'un climat chaud.

Protozoaires : La période précambrienne, qui s'étend sur près de 800 millions d'années, a été particulièrement intéressante en nouvelles apparitions, notamment les Protozoaires qui constituent vraisemblablement un mélange de souches ancestrales distinctes. Il est aussi possible qu'à cette période l'animal ait franchi un pas immense en passant du stade unicellulaire à celui de pluricellulaire. Ces cellules furent alors ordonnées en une ébauche d'un milieu intérieur, sorte de sac clos délimitant leur espace. Parallèlement, après la division cellulaire, des cellules se spécialisaient dans la reproduction et devenaient détentrices en puissance de la totalité des caractères propres à l'être. Ces cellules ou gamètes assuraient, à partir de cet instant, la pérennité de l'espèce : elles sont potentiellement immortelles.

Un tel être simple existe encore dans les eaux salées, dont on ne connaît qu'une seule espèce : le Trichoplax adhaerens.
Comme le Parazoa (famille des éponges), il manque de tissu, d'organes, de tête et de queue. C'est le plus simple animal, ressemblant à une grande amibe, à peine visible à l'œil nu. Il est composé d'un millier de cellules. Chaque cellule de surface supportant un cil, sa surface est entièrement cillée. Apparaissent aussi pour la première fois des faunes utilisables en stratigraphie.
Au début de l'ère primaire, l'animal gravit un échelon de plus quand il répartit en deux couches, les cellules le constituant : l'un externe ou ectoderme, l'autre interne ou endoderme. à cet état diploblastique (deux dermes embryonnaires) appartiennent les Spongiaires (Éponges) et les Cnidaires (Hydres, Méduses, Coraux), qui apparurent il y a quelque 600 à 700 millions d'années.

La limite Précambrien-Cambrien est, en principe, définie par l'apparition d'associations d'organismes fossiles de type Tommotien (première ère des fossiles), caractérisant la base du Cambrien, c'est-à-dire des Archéocyathes et des faunes à squelette ; les premiers Trilobites (image : Levicerausus) connus, comme les Fallotaspidés du Sud marocain, se situeraient un peu au-dessus.

La Grande Évolution

Il y a environ 700 millions d'années (3,810 Ga) arrivèrent les êtres multicellulaires :
- les Métaphytes (plantes multicellulaires),
- les Métamycotes (champignons multicellulaires)
- les Métazoaires (animaux multicellulaires).

Parmi les Métazoaires nous retrouvons :
- les Invertébrés (qui comptent plus de 90% de la diversité animale).
- les Vertébrés (Métazoaires pourvus d'une colonne vertébrale) ; ces derniers se subdivisent
* en Poissons (Vertébrés exclusivement aquatiques) et
*en Tétrapodes (Vertébrés aériens).

Les Tétrapodes regroupent 5 ensembles qui sont :
- les Amplibiens,
- les Reptiles,
- les Archosaures, (Dinosaures)
- les Oiseaux
- les Mammifères.
Voici un trilobite Leviceraurus mammilloides d'Ontario (Canada) bien conservé. Sa longueur est de 46 mm. L'exosquelette est bien conservé. Il repose à côté d'un ver rare de l'Ordovicien (à droite).

Une Explosion à Retardement

-580 à -570 Ma, (de 3,92 à 3,94 Ga) : Doushantuo (Chine), -565 à -545 Ma (de 3,945 à 3,965 Ga) : Ediacara (Australie).

Ediacara (Australie)

Pendant trois milliards d'années, on voit la vie, mais on ne la voit pas du tout évoluer morphologiquement.
Peut-être y a t-il une évolution chimique, mais celle-là est imperceptible. Tout est sphérique, et différencier une bactérie d'une algue unicellulaire relève presque de l'arbitraire. Les paléontologues se fient à la taille. Petit, c'est une bactérie, gros, c'est une cellule avec un noyau, un eucaryote. Les grandes glaciations du protérozoïque marquent une véritable rupture. La vie se diversifie morphologiquement. C'est le cas des acritarches, des unicellulaires planctoniques vivant à proximité de la surface. Dans les sédiments qui viennent juste après les grands froids, certains commencent à ébaucher des structures nouvelles, des pseudopodes en l'occurrence, sortes de petits bras dont les chercheurs pensent qu'ils devaient aider à la flottaison. Par ailleurs, les traces convaincantes de minuscules vers se multiplient, marquant un essor déjà bien engagé des organismes multicellulaires.

Entre les deux glaciations principales, probablement, étaient apparus les premiers animaux bilatéraux, des "vers". Certains ressemblent à des annélides, d'autres à des priapuliens. Ils vivaient à Liulaobei et à Jiuliqiao, en Chine, dans des sites qu'on a datés respectivement de 840 et 740 Ma mais qui sont sans doute moins anciens (660 et 630 Ma ?). L'expansion de la faune n'a pas succédé immédiatement à l'extinction de masse provoquée par les glaciers de Varanger. Le renouveau s'est opéré en trois temps. A Doushantuo (580 - 570 Ma), la flore et la faune sont d'une richesse sans précédent, avec des acritarches épineux ou non, aux formes souvent bizarres, avec toutes sortes d'algues multicellulaires rouges, vertes ou brunes, de microscopiques éponges et les embryons miraculeusement conservés dans les phosphorites de quatre groupes d'animaux - un anthozoaire, un hydrozoaire, un protostome spiralé et un échinoderme. Ce brusque essor a cessé aussi vite qu'il était venu. Vers 565 Ma (3,945 Ga), plus de 70 % des formes nouvelles avaient disparu.
Alors a débuté l'ère "Édiacarienne", avec ses animaux étranges, souvent de grande taille, d'affinités souvent obscures. Nouvelle éclipse, et voici tout d'un coup les multiples coquilles minuscules du début du Cambrien...

En somme, on peut résumer l'histoire de la vie sur terre en cinq étapes.
1) Elle a commencé vers -3,9 Ga, (610 Ma), si ce n'est avant, mais pendant plus d'un milliard d'années, il n'y a eu qu'une profusion de microbes : les plus gros êtres vivants n'atteignaient pas un dixième de millimètre.
2) Vers -2,8 Ga, (1,710 Ga) a débuté l'ère des cellules dotées d'un noyau, les eucaryotes. Ils ont acquis, par leur symbiose avec des protéobactéries, les mitochondries qui leur ont permis de respirer l'oxygène.
3) Avant -2,1 Ga (2,410 Ga), certains eucaryotes ont acquis par une seconde symbiose, avec des cyanobactéries cette fois, des chloroplastes capables de photosynthèse. Ils sont devenus des algues. Dès ce moment, la lignée évolutive qui mène aux plantes était distincte de celle qui mène aux animaux et aux champignons.
4) La troisième radiation des eucaryotes a atteint entre -1 Ga et -800 Ma (3,51 à 3,71 Ga) son apogée. Elle a été décimée à partir de -750 Ma (3,76 Ga) par une série de glaciations.
5) La quatrième radiation a débuté vers -590 Ma (3,92 Ga), au lendemain de Varanger. Elle a progressé en trois temps, à Doushantuo d'abord, puis à Ediacara, pour finir avec « l'explosion cambrienne ».

Une "explosion" à retardement, en somme. On pourrait l'appeler, plus exactement, "la troisième phase de la quatrième radiation des eucaryotes". Elle n'en a pas été moins prodigieuse, et cela fit la surprise de Darwin, par l'extraordinaire diversité des animaux qu'elle a fait presque simultanément surgir. Merci à elle. Aujourd'hui encore nous sommes ses produits.


La Vie des Premiers Animaux (580 Million d'années)

E.R. - SCIENCE & VIE N°1212 > Septembre > 2018

Voici notre Ancêtre : Saccorhytus (540 Million d'années)

R.M. - SCIENCES ET AVENIR N°841 > Mars > 2017

Il y a 542 Million d'années, le Vivant Exterminait la Vie

Les grandes extinctions ne furent pas toutes dues à un cataclysme. Il existe une exception : la faune d’Ediacara. Anne Debroise est partie sur ses traces.

La Terre a conservé les cicatrices des glaciations qui figèrent une grande partie du globe. De ces éruptions qui recouvrirent de magma des millions de km². De ces météorites qui pulvérisèrent dans l’atmosphère assez de poussières pour obscurcir le ciel pendant des années… faisant chaque fois drastiquement chuter le nombre d’espèces vivantes. Ce qu’on appelle les extinctions massives ont un point commun : la vie a été décimée par un événement soudain provoquant une catastrophe planétaire. Chaque fois ?
Non, répondent aujourd’hui des scientifiques canadiens. Il existerait une curieuse exception à ce scénario. Il y a 542 million d'années, la toute première extinction généralisée de l’Histoire s’est déroulée sans fracas. Ni météorite ni volcan… C’est le paléontologue Marc Laflamme, de l’université de Toronto, à Mississauga (Canada), qui l’affirme : au terme de près de 10 ans passés à chercher les indices d’une catastrophe géologique, ses travaux révèlent… qu’il n’y en a pas eu. Pour comprendre, il faut revenir 550 million d'années en arrière. À l’époque, ce que l’on considère peut être comme les premières populations d’êtres multicellulaires atteignent leur apogée. Les spécialistes les ont baptisées la “faune d’Ediacara” : des corps mous, semblables à des feuilles, des tubes ou des sacs molletonnés, qui ont imprimé leurs formes géométriques fractales dans les sédiments de tous les océans. Une forme de vie primitive et étonnante, sans lien apparent avec les lignées actuelles. De quelques millimètres pour les plus petits à plus d’un mètre pour les plus grands, ces organismes reposaient sur les fonds marins ou s’enracinaient dans les sédiments, y trouvant les nutriments nécessaires à leur vie.
Or, si les sédiments montrent que cette faune d’Ediacara a colonisé la planète en seulement 30 millions d’années, tous les gisements, au Canada, en Russie, en Australie ou en Namibie enregistrent sa disparition brutale et quasi totale, il y a 542 million d'années. Un effondrement qui ouvre “l’explosion cambrienne”, quand les premiers animaux émergent, préfigurant les grands groupes actuels. “Sur la centaine d’espèces de la faune d’Ediacara identifiées, seules une ou deux ont survécu au Cambrien”, raconte Marc Laflamme. Or, aucune catastrophe majeure ne semble s’être produite à l’époque. Alors, pourquoi cette disparition ? Les paléontologues considèrent que la faune d’Ediacara s’apparenterait à une “expérience ratée” de la vie multicellulaire… Et ne l'on jamais rangée parmi les 5 grandes extinctions (voir tableau). Certains ont même estimé que cette disparition n'aurait été qu’apparente : seules les conditions favorables à la fossilisation des organismes édiacariens auraient disparu, mais pas les organismes eux-mêmes. En d’autres termes, ils auraient continué à vivre, mais sans laisser de traces.

Anne Debroise - SCIENCE & VIE N°1181 > Février > 2016
 
 

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