Phanérozoïque (4,058 à 4,6 Ga, -542 Ma à Aujourd'hui, D = 542 Ma

Paléozoïque de 4,058 à 4,25 Ga, de -542 à -250 Ma, D = 292 Ma

Silurien : -443 à -416 Ma, : 4,057 à 4,084 Ga, D = 27 Ma

Présentation du Silurien

La datation de début et de fin, bien que définie avec précision par les couches stratigraphiques de référence, est connue à seulement quelques millions d'années près. Il est suivi par le Dévonien et est précédé par l'Ordovicien. Le début du Silurien est marqué par une extinction massive où près de 60 % des espèces marines ont disparu.

Le Silurien a d'abord été décrit par Roderick Murchison en 1830 se basant sur des terrains découverts en Galles du Sud. Il a été nommé d'après une tribu celtique : les Silures. Cette classification est entrée en conflit avec celle d'Adam Sedgwick du Cambrien ; ce problème a été résolu par Charles Lapworth en ajoutant l'Ordovicien entre le Cambrien et le Silurien pour les couches géologiques contestées.

SUBDIVISIONS

Le Silurien se décompose en 4 parties :

- Le Llandovérien ; -443,7 à -428,2 Ma, D = 15,5 Ma
   - Rhuddanien ; -443,7 à -439 Ma, D = 4,7 Ma
   - Aéronien ; -439 à -436 Ma, D = 3 Ma
   - Télychien ; -436 à -428,2 Ma, D = 7,8 Ma

- Le Wenlockien ; -428,2 à -422,9 Ma, D = 5,3 Ma
   - Sheinwoodien ; -428,2 à -426,2 Ma, D = 2 Ma
   - Homérien ; -426,2 à -422,9 Ma, D = 3,3 Ma

- Le Ludlowien ; -422,9 à -418,7 Ma, D = 4,2 Ma
   - Gorstien ; -422,9 à -421,3 Ma, D = 1,6 Ma
   - Ludfordien ; -421,3 à -418,7 Ma, D = 2,6 Ma

- Le Pridolien ; -418,7 à -416 Ma, D = 2,7 Ma

PALÉOGÉOGRAPHIE

Pendant le Silurien, le Gondwana reste dans les latitudes hautes de l'hémisphère sud mais la calotte glaciaire est moins étendue que pendant l'Ordovicien. Les autres continents se rapprochent pour commencer la formation d'un second supercontinent, Laurussia. Laurussia a été formé suite à la fermeture du grand océan Iapetus qui séparait les divers continents de l'hémisphère nord avant leur accrétion. Ceci a donné naissance à l'orogenèse Calédonienne dont on retrouve les traces en Scandinavie. Cette grande chaine de montagnes se poursuit vers le Canada et les États-Unis où elle forme les Appalaches. Les petits "terranes" accrétés au Gondwana pendant l'Ordovicien se redétachent à nouveau pour former le "super Hun Terrane", constitué de la majeure partie des territoires dévastés par Attila.

FAUNE SILURIENNE

La vie est abondante. Les couches siluriennes ont produit du gaz et du pétrole dans certaines régions. Des couches d'hématite - un minerai de fer - ont été importantes pour l'économie coloniale en Amérique du Nord.
Le niveau des océans est élevé en Amérique du Nord-Est et en Europe. Des formes primitives de plantes multi-cellulaires envahissent les terres. Quelques rares arthropodes ont, semble-t-il, migré vers la terre. Les poissons se sont diversifiés considérablement et ont développé des écailles mobiles. Une faune diverse de scorpions de mer, certains longs de plusieurs mètres, se trouve en Amérique du Nord. Les Graptolites (animaux vivant en colonies) sont toujours abondants.

Llandovérien : -443,7 à -428,2 Mo, D = 15,5 Mo

Présentation (Silurien Moyen) -425 Mo

Au silurien, la Terre a subi des changements profonds qui ont eu des répercussions importantes sur l'environnement et la vie. Le silurien fut témoin d'une stabilisation relative du climat général. Les conséquences furent la fonte des grands glaciers, qui éleva le niveau des océans.

Les récifs de corail apparurent et les poissons évoluèrent beaucoup. Non seulement, cette période marque une grande diffusion des poissons sans mâchoires (sacabambaspis janvieri ->), mais aussi bien celle des aspects très significatifs des premiers poissons d'eau douce que des premiers poissons avec mâchoires. C'est aussi à cette époque que les preuves de vie sur Terre sont préservées, incluant les ancêtres des araignées et des mille-pattes, ainsi que les premiers fossiles de plantes vasculaires. <- De 435 à 410 millions d'années, les mers grouillent de vie. On y trouve déjà tous les groupes de mollusques actuels : céphalopodes, gastéropodes et brachiopodes à l'abri de leur coquilles, crinoïdes.

Silurien moyen 425M : http://www.scotese.com/newpage2.htm et aussi http://jan.ucc.nau.edu/~rcb7/Sil.jpg

Au paléozoïque moyen, il y a approximativement 400 millions d'années, l'océan Iapetus s'est fermé en formant la Laurentie et la Baltique. Cette collision continentale, précédée dans beaucoup d'endroits par la naissance d'arcs insulaires marginaux, a eu comme conséquence la formation de la chaîne calédonienne en Scandinavie, de la Grande-Bretagne et du Groenland, et des montagnes des Appalaches du Nord, le long du littoral oriental de l'Amérique du Nord. Il est également probable que pendant des périodes du paléozoïque moyen, la Chine du nord et la Chine du sud se soient fissurées loin du plateau d'Indo - Australien du Gondwana, et aient été dirigées vers le nord à travers l'océan Paléo - Téthys. Dans tout le paléozoïque inférieur et moyen, l'océan Panthalassa a couvert une grande partie de l'hémisphère Nord. Les bords de cet océan était une zone de subduction, tout comme l'actuel "anneau de feu" qui entoure l'Océan Pacifique. Le dévonien fut l'âge des poissons à squelette cartilagineux et à plaques squelettiques dermiques, pourvus d'une mandibule inférieure, devenus les prédateurs supérieurs vers la fin de cette période. Les plantes s'emparèrent des continents et sont devenues si abondantes que les premiers gisements de houille furent formés dans les marais tropicaux qui couvraient une grande partie des îles arctiques canadiennes, du Groenland nordique, et de la Scandinavie.

Au Silurien, des améliorations s'opèrent parmi les groupes existants à la période précédente : les Crinoïdes (munis de cirres, vivant attachés par un pédoncule, au fond des mers) s'acheminent vers la complexité, les Trilobites (crustacés dont le tégument dorsal est divisé en 3 parties) se diversifient, les Nautilidés (mollusques), parmi les Céphalopodes (tétrabranchiaux), apparaissent sous des formes de plus en plus variées. Au Silurien supérieur, les Scorpions sont les premiers Arthropodes (corps formé de pièces articulées) à sortir de l'eau pour se rendre dans des milieux humides (vases) ou secs. À la même époque, les vertébrés font leur apparition avec les Ostracodermes (vertébrés primitifs possédant une cuirasse osseuse), qui appartiennent à la classe des Agnathes, c'est-à-dire des Lamproies (apparence de l'anguille). Ils réunissent des caractères primaires (absence de mâchoire inférieure et de vertèbres individualisées, présence de deux canaux semi-circulaires, d'une seule narine médiane, etc...) à des caractères fortement évolués (oil pinéal, organes électriques, etc...).

Au-Delà du Rivage

Des déserts rocheux, entourés d'eau salée : l'ensemble des continents offre, il y a 440 millions d'années, le spectacle d'une terre désolée. Plus pour longtemps.

De la roche nue, à perte de vue, balayée par les vents. Sans même cette mince pellicule de terre et de boue qui, aujourd'hui, recouvre la plus pelée des collines. Imagine-t-on aujourd'hui que les forêts luxuriantes d'Amazonie furent, il y a de cela un peu plus de 400 millions d'années, des déserts minéraux ?
La vie, en ces temps reculés, n'est pourtant pas bien loin. Autour de ce gigantesque caillou, qui regroupe tous les continents en une Pangée unique, elle foisonne dans les profondeurs marines. Mollusques, trilobites, poissons cuirassés et scorpions de mer géants sont déjà au "coude à coude" pour régner sur les océans. Insensibles au nouveau monde qui, au-delà de leur univers aquatique, reste à conquérir. Qui, le premier, posera une patte ou une coquille sur le continent ? "Les premiers ont été les végétaux, annonce en guise de préambule Jean Dejax, paléobotaniste au Muséum national d'histoire naturelle. Ils ont dû commencer par s'accrocher sur ces espaces intermédiaires entre l'océan et le continent, qu'on appelle l'estran, et qui est cette vaste étendue entre la marée basse et la marée haute". Des marées qui, en découvrant les terres, les asséchant temporairement, avant de les replonger sous ses rouleaux d'eau salée, auraient permis à ces végétaux de s'habituer lentement à la vie hors de l'eau.
Car prendre pied sur le continent, il y a de cela environ 420 millions d'années, n'a pas été facile. Même pour des plantes. Le problème ? L'absence de sol, cette "terre végétale", mélange de particules minérales, de cailloux et de matière organique, riche en micro-organismes, qui recouvre aujourd'hui la roche, parfois sur des dizaines de mètres. Or, les lois de la botanique sont formelles : sans sol, pas de végétation. Pour vous en convaincre, essayez de faire pousser une laitue sur un rocher.
"La première vague a donc probablement été constituée de micro-organismes et de mousses qui ont d'abord fabriqué un sol", subodore André Nel, maître de conférences au Muséum. Mais en l'absence de preuve fossile, il est difficile d'être catégorique. Une seule certitude l'adaptation des végétaux à la vie terrestre a été très progressive, s'étalant sur des millions d'années.
Sur ces étendues désolées, les premières plantes expérimentent une physique nouvelle, où règne la pesanteur. Leur organisme, désormais, leur rappelle qu'il a un poids avec lequel il faut composer. "Pour prendre pied sur les continents, explique Jean Dejax, il a donc fallu qu'elles innovent et se construisent un squelette, en l'occurrence interne, qui est l'appareil vasculaire". Une armature qui leur permette d'une part, de faire remonter la sève jusqu'au sommet, d'autre part de rester debout. Et pour se protéger de la sécheresse, elles s'entourent d'une pellicule cireuse la cuticule.
Si cette cuticule empêche l'eau de la plante de s'évaporer, elle est aussi imperméable au gaz carbonique et à l'oxygène, deux gaz dont les échanges sont vitaux pour ces végétaux qui, à l'instar de leurs ancêtres marins, tirent leur énergie de la photosynthèse. La tige se parsème donc de minuscules orifices, les stomates, qui s'ouvrent et se ferment, au gré de l'humidité et de l'ensoleillement.

PREMIÈRES DIFFICULTÉS

Ces végétaux n'ont pas encore de feuilles. Ce sont, pour l'heure, de simples brindilles de quelques centimètres, recouvertes d'un épiderme chlorophyllien. Celui-ci s'agrandira par la suite, sous forme d'excroissances, augmentant d'autant la surface exposée aux rayons du soleil. Et pour irriguer ces ébauches de feuilles, l'appareil vasculaire - à l'origine une simple succession de tubulures traversant la plante de bas en haut - finira par se ramifier.
Autre difficulté, tout aussi redoutable, pour ces pionniers du nouveau monde : s'alimenter. Dans les océans - ou les rivières - les nutriments dissous dans l'eau peuvent s'échanger à travers toute la surface de la plante. Les premiers végétaux terrestres, quant à eux, ne peuvent pas compter sur le vent pour se nourrir. Ils vont donc élaborer des racines qui puisent les substances nutritives dans le sol. Un sol qui commence à se former autour d'eux, et qu'ils contribuent eux-mêmes à construire en dégradant les roches sur lesquelles ils s'aventurent.
Ces végétaux doivent aussi se trouver un autre mode de reproduction. Plus question, en effet, de déverser directement leurs gamètes, ou cellules sexuelles, dans l'eau. La reproduction devra désormais transiter par les airs. Cela, par l'intermédiaire de spores, disséminées par le vent. En germant, ces spores produisent les organes mâles ou femelles, qui libèrent à leur tour leurs cellules sexuelles dans les gouttelettes d'humidité qui tapissent le sol.
La dissémination de ces spores est d'autant plus efficace qu'elle s'effectue en hauteur. Les plantes vont donc chercher à s'élever, ce qui leur permet aussi de capter plus d'énergie solaire que leurs concurrentes restées au ras du sol. Certaines se munissent d'un tissu de soutien ligneux qui donne plus de résistance à leur tige, leur permettant de devenir toujours plus grosses et d'avoir un diamètre toujours plus important. C'est ainsi qu'apparaîtront bientôt les premières fougères géantes, calamites et lépidodendrons culminant à plus de 20 à 30 mètres de hauteur, leur tronc se renforçant de bois et d'écorce, comme celui des arbres actuels. "Tout ça a quand même duré une bonne cinquantaine de millions d'années", rappelle Jean Dejax. Cinquante millions d'années durant lesquels la flore ouvre la voie aux animaux, dans ces marécages du Silurien et du Dévonien dont le plus connu reste celui de Rhynie, en Ecosse.
Car, en parallèle, attirées par ce tapis végétal, les premières bestioles accostent. Qui sont-elles ? “Probablement des vers de terre, suppose André Nel. On a découvert des terriers fossiles. Mais c'est difficile de savoir qui les a creusés.” Très tôt en effet, la vie grouille dans la vase. Des traces de prédation sur les plantes fossilisées, ou la présence de grottes de plus de 400 millions d'années, trahissent la présence d'une vie animale aux côtés des premiers végétaux terrestres. À quoi ressemblent-ils ? Ce sont principalement des acariens et des mille-pattes - ou myriapodes. “Cette colonisation a pris elle aussi du temps, précise André Nel. Entre les premières pistes connues de l'Ordovicien et les premiers animaux vraiment terrestres, il a dû s'écouler entre 20 et 30 millions d'années."

DERNIERS ARRANGEMENTS

Pour partir à la conquête du continent, les arthropodes ont dû également acquénir une carapace assez tigide pour les soutenir. Une carapace qui les protège en outre des ultraviolets et leur évite de se dessécher. Toutes ces difficultés ont-elles été résolues en même temps ? "Pas forcément. Le cloporte a une carapace, il ne se dessèche pas, mais il a encore des branchies remarque André Nel. Il arrive a vivre en milieu terrestre mais c'est un milieu terrestre humide."
Reste pour ces arthropodes, à trouver leur nourriture. Et là, les paléontologues sont devant une enigme. "Dans les écosystèmes du Silurien (entre 440 et 400 millions d'annees) on a majoritairement des arthropodes carnivores, comme des araignées ou des scorpions, et pas beaucoup d'herbivores. Il y a un déséquillibre. Or il faut bien qu'il y ait des proies", s'interroge Andre Nel. Mais les faits sont têtus : parmi les fossiles retrouvés, très peu d'herbivores, de mangeurs de feuilles, avant le Permien, soit près de 200 millions d'années plus tard. "On a l'impression que les premiers arthropodes étaient plutôt des mangeur de champignons, de moisissures ou de feuilles desséchées, en train de pourrir, note pour sa part Philippe Janvier, qui dirige une unité de recherche en paléobiodiversité du CNRS. Mais l'herbivore, aussi bien chez les invertébrés que chez les vertébrés, est apparue tardivement". Aussi surprenant que cela puisse paraître, les végétaux n'auraient donc pas été une source de nourriture immédiate. Ils ont en revanche, avec l'ensemble des arthropodes, des champignons et des mousses, façonné les premiers écosystèmes qui partant du littoral vont gagner peu a peu l'ensemble des terres émergées.

Sous l'eau, la vie n'en continue pas moins d'innover avec l'apparition, il y a 400 millions d'années d'un groupe de poissons peu ordinaires : les sarcoptérygiens. Parmi eux, les Panderichtyidae, longs d'environ un mètre, ont de curieuses nageoires. Au lieu d'être constituées, comme celles des truites actuelles, d'une multitude de rayons osseux, fixés telles les dents d'un peigne sur une ceinture intégrée au squelette, les nageoires pectorales et pelviennes des Ponderichtyidae sont en quelque sorte des nageoires “au rabais”. Elles ne s'articulent plus que par un seul élément, les autres rayons ayant disparu. Ce n'est pas encore une patte, mais ça y ressemble furieusement, avec l'esquisse d'un humérus, d'un radius et d'un cubitus, pour finir, comme toutes les nageoires, par un voile souple d'écailles.
Ce voile, quelques millions d'années plus tard, cédera sa place à une structure totalement inédite dans le vivant les doigts. Six ou sept par membre, voire huit pour Acanthostega, découvert au Groenland en 1987, avant que leur nombre ne se stabilise à cinq, il y a 345 millions d'années.
Ces doigts se sont-ils rajoutés spontanément à l'extrémité du membre ? Ou s'agit-il d'éléments préexistants qui se sont progressivement transformés ? Si la question a longtemps divisé les paléontologues, le scénario le plus couramment admis aujourd'hui repose sur l'idée que ces doigts proviendraient d'une croissance “anormale” de l'extrémité des nageoires. Chez l'embryon de poisson, cette extrémité forme une crête, la crête apicale, qui induit la croissance des rayons osseux de la nageoire. La crête se décolle une fois tous les rayons formés, ce qui stoppe la construction de nouvelles structures osseuses sur la nageoire. Celle-ci termine alors sa croissance en se dotant d'un voile. Chez les premiers tétrapodes, cette crête apicale aurait "oublié" de se décoller. Après avoir produit l'os du bras, de l'avant-bras et du poignet, elle aurait continué sur sa lancée pour produire des phalanges.
Les doigts se dévoilent : Les pattes proviendraient d'une croissance “anormale” de structures osseuses durant le stade embryonnaire. Les rayons des nageoires auraient ainsi été supplantés, au cours de l'évolution, par les os du bras, puis ceux des doigts. ->

Quel usage un poisson peut-il bien faire de doigts ? Car ces premiers tétrapodes, dont Acanthostega et lchtyostega (<-) sont les plus anciens connus sont bien des animaux aquatiques munis de branchies parfaitement fonctionnelles et se nourrissant de poissons. “Les membres munis de doigts étaient probablement une adaptation non pas à la vie terrestre mais à la vie dans des deltas extrêmement boueux, encombrés de branches d'arbres ou de plantes, estime Philippe Janvier. Ces doigts leurs servaient à écarter les branchages, à parcourir la vase. On peut supposer qu'ils pouvaient passer d'un bras à l'autre d'une rivière, en se vautrant sur la plage un peu comme des phoques. Mais pour le reste, c'étaient des poissons. Ils avaient une queue de poisson et des écailles.”
Des poissons à pattes, en somme. Mais des pattes très rudimentaires et peu fonctionnelles rigides comme des raquettes de tennis : une maigre articulation pour la hanche ou l'épaule, en revanche rien au niveau du genou. Et surtout ni cheville, ni extension possible pour les pattes antérieures. De tels membres sont bien incapables de porter ces “poissons” massifs. En fait de pattes, ce sont plutôt de petites pagaies dont disposent les premiers tétrapodes. “C'était un tout petit groupe qui ne paraissait pas promis à un avenir glorieux et qui aurait pu disparaître sans laisser de traces”, ironise Philippe Janvier. Poissons à pattes : Les premiers tétrapodes, Acanthostega (->) et Ichtyostega (haut), sont bien des animaux aquatiques, pourvus de branchies. Leurs pattes, qui comportent huit doigts, leur auraient servi à se déplacer dans les milieux boueux et encom-brés de branchages des deltas.

Le hasard en décidera autrement. À la fin du Devonien, il y a 360 Ma, le niveau de la mer descend et les milieux terrestres deviennent de plus en plus importants, isolant des plans d'eau. Les tétrapodes seuls vertebrés capables de passer d'un bras de rivière ou d'un lac à un autre, survivent mieux que d'autres à ce nouvel environnement, d'autant qu'ils possédaient probablement, à la fois, des branchies et des poumons. "On peut aussi imaginer que pour un animal capable de sortir de l'eau, c'était pratique de pouvoir prendre ses proies et de les manger tranquillement sur le rivage, à l'abri des concurrents", suppose Philippe Janvier. L'apparition au Carbonifère, de véritables chevilles de poignets et de coudes flexibles, leur donne enfin la possibilité de marcher. Les tétrapodes ont fini de se vautrer maladroitement. Quittant les abords des plans d'eau, ils peuvent commencer la conquête des immenses forêts qui ont, entre-temps, recouvert le continent.

UNE COLONISATION EN POINTILLÉS

Y a-t-il eu une ou plusieurs colonisations successives de la terre ferme ? La question, pour les végétaux, ne se pose pas : toutes les plantes terrestres semblent bien descendre des premiers cryptogames vasculaires, qui ont accosté sur les continents, au Silurien, y a entre 400 et 440 millions d'années. Elle s'est posée, un temps, pour les tétrapodes, certains paléontologistes estimant que les salamandres auraient pu dériver d'un groupe de tétrapodes differents de ceux qui, au Carbonifère ont donné l'ensemble des vertebrés terrestres actuels. Mais elle continue, en revanche de tarauder le petit monde des entomologistes, qui voient dans les moeurs aquatiques de la larve de Ptérygote, un ancêtre vieux de 400 millions d'années des insectes actuels, une véritable énigme. “Il y a deux hypothèses passibles, explique André Nel, au Muséum national d'histoire naturelle, soit on dit que le passage aquatique-terrestre s'est fait chez les insectes lors de l'apparition des premiers hexapodes, avec un retour à la vie aquatique pour les larves de certaines espèces ancêtres des Ptérygotes ; soit on considere qu'on a une succession de passages différents, avec une acquisition de caractères terrestres uniquement chez l'adulte des premiers Ptérygotes.”
À l'appui de cette deuxième hypothèse, la plus en vogue, une théorie, selon laquelle les ailes des insectes volants, apparus après les premiers insectes terrestres, se seraient formées a partir de branchies externes, situées sur chacun des segments thoraciques d'hexapodes aquatiques. Des branchies mobiles qui, a l'origine, servaient à respirer sous l'eau mais qui, en s'épaississant et en grandissant ont pu commencer a servir de nageoires. Elles se seraient ensuite amincies agrandies et élargies pour donner finalement des ailes. "Le problème, c'est qu'on n'a pas vraiment de fossile intermédiaire entre les insectes sans aile et ceux qui en sont pourvus", regrette Andre Nel, pour qui il ne fait aucun doute, en revanche, que les lignées terrestres actuelles étaient toutes présentes au Dévonien. Il n'y aurait donc pas eu de nouvelle colonisation en deça de 350 millions d'années. “Les écosystèmes fondamentaux étaient dejà installés, suppose André Nel. Il n'y a pas eu ensuite de place pour de nouveaux venus trop exotiques.” Malheur, en quelque sorte a qui arrive après les autres.

Emmanuel Monnier - SCIENCE & VIE Hors Série > Décembre > 2000

La Conquête de la Terre

Sur les branches du grand arbre de la vie, chaque organisme vivant est relié aux autres. Comment des animaux conçuent pour vivre dans l'eau ont pu s'adapter et vivre hors de l'eau ? Un seul groupe était bien équipé pour partir à la conquête de la terre ferme, les Artropodes. Avec leur carapace et leurs membres articulés, ils étaient soutenus et pouvaient s'accomoder de l'apesanteur. Les artropodes se sont donc emparés de la terre, et parmis eux, un groupe a révélé de formidables talents d'explorateurs, les crabes.

Il y a environ 500 Ma, les fonds marins fourmillent de prédateurs et ils deviennent dangereux. Pour la première fois, il y a de bonnes raisons de s'aventurer sur terre. Les limules existent depuis des millions d'années. Chaque année, elles viennent sur la terre ferme pour pondre leurs œufs, dans un seul but, pour qu'ils soient hors de portée des animaux marins. Ensuite, elles retournent dans l'eau. Sur terre, elles ne sont que de simples visiteurs comme certainement, les premiers êtres vivants à avoir laissé leurs empruntes sur le sol.

Il y a 430 millions d'années, un autre groupe d'artropode quitte l'océan, mais cette fois pour chercher de quoi manger. La colonisation de la terre commence alors véritablement et se sont des créatures comme les mille-pattes qui ouvrent la voie. D'autres les suivent rapidement, ils ressemblent aux araignées et aux scorpions. Ils sortent de l'eau presque 100 millions d'années avant que nos ancêtres ne quitte la mer. Aujourd'hui plus de 90 % des habitants de la planète sont des artropodes, et la plupart d'entre eux sont des insectes.
Parmis ceux qui ont le plus réussi, figure les fourmis. Plus les artropodes sont gros, plus leur armure est lourde et plus il est difficile de respirer. Un autre groupe d'animaux surmontera cette obstacle, avec une créature à l'apparence d'un ver. L'Amphioxus, son cousin le plus proche vivant aujourd'hui, possède une caractéristique majeure, une tige appelée chorde, traversant tout son corps. Flexible, elle est un formidable levier sur lequel les muscles peuvent s'appuyer. Grâce à elle, une nouvelle famille voit le jour ; c'est la famille des vertébrés, elle a des os dans le dos. Grâce à leur squelette interne, les vertébrés peuvent affichés de bien plus gros gabarit que les artropodes. Baguette élastique puis colonne vertébrale, cette nouveauté est fondamentale pour le grand arbre de la vie. Tout les vertébrés comme les poissons, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et mammifères doivent leur existence à cette chorde, les humains compris.

Chorde : tigelle rigide d'origine mésodermique qui suit l'axe longitudinal d'un organisme (du groupe des Chordés) en position dorsale et qui a un rôle de soutien. La chorde détermine l'axe primitif de l'embryon puis la future colonne vertébrale (rachis). Les "restes" de cette chorde chez l'adulte représentent le nucleus pulposus, qui est le noyau situé à l'intérieur du disque cartilagineux situé entre les vertèbres.

Amphioxus : La structure musculaire permet à l'Amphioxus des mouvements ondulatoires latéraux qui lui permettent de nager. Il se nourrit de particules organiques.

Autre étape importante pour la conquête de la terre, l'apparition des pattes. Malgré leur allure de poissons, les périophtalmes utilisent leurs nageoires de manière particulière. Ce "poisson" se déplace sur terre en utilisant deux paires de nageoires modifiées. Les premières créatures à quitter les mers, ont dû se déplacer ainsi. Les nageoires se sont transformées en pattes, et, fait étrange, certaines pattes se sont elle aussi modifiées pour reprendre le chemin de la mer, le poisson grenouille, le poisson chauve-souris...

Emission : "La Conquète de la Terre" > France 5
 
 

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