Homo naledi : Âge : de 500 à 300 millions d'années ?
Le Grimpeur qui n'était Plus un Singe


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La Nouvelle Histoire de nos Origines

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Homo naledi - Âge : entre 236.000 et 335.000 ans

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Homo naledi Enrichi la Grande Famille Humaine

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L'Énigmatique Homo naledi
Une Nouvelle Espèce Humaine

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Révélations sur les Premiers Hommes

C’est une découverte fantastique : on a mis au jour, au fin fond d’une grotte en Afrique du Sud, une nouvelle espèce d’homme : Homo naledi. Mi-homme mi-australopithèque, c’est peut-être le « chaînon manquant » de notre évolution. Récit d’une aventure scientifique hors du commun.
PAR JAMIE SHREEVE - PHOTOGRAPHIES DE ROBERT CLARK

Le 13 septembre 2013, deux spéléologues amateurs, Steven Tucker et Rick Hunter, pénètrent dans le réseau de grottes Rising Star (« Étoile montante »), à environ 50 km au nord­ouest de Johannesburg. Le site attire les passionnés depuis les années 1960, et son dédale de galeries et de cavités est bien cartographié. Tucker et Hunter espèrent y dénicher un passage inexploré.

Ils ont aussi une autre idée derrière la tête. Dans la première moitié du XXe siècle, cette région a livré tant d’ossements de nos premiers ancêtres qu’on l’a surnommée le « berceau de l’humanité ». Les beaux jours de la chasse aux fossiles y sont révolus depuis longtemps, mais les deux spéléologues savent qu’un scientifique de Johannesburg espère encore en dénicher. Surtout, Berger rêvait de trouver des fossiles qui contribueraient à élucider le grand mystère de l’évolution humaine : l’origine de notre genre, Homo, il y a entre 2 et 3 millions d’années. Les australopithèques simiesques – avec en vedette Australopithecus afarensis et son plus célèbre représentant, le squelette Lucy, découvert en Éthiopie en 1974 – se situent au début de cette période ; à la fin se trouve Homo erectus. Doté d’un gros cerveau et d’une constitution physique semblable à la nôtre, celui-ci manie des outils, fait du feu et parcourt le monde. Pendant cet obscur intervalle de 1 million d’années, un animal bipède s’est transformé en un être humain naissant, en une créature non seulement adaptée à son environnement, mais capable de le maîtriser en utilisant son esprit. Comment cette révolution a-t-elle eu lieu ?
Homo habilis est trop primitif pour constituer l’origine de notre genre. C’est l’opinion soutenue depuis longtemps par Lee Berger, et d’autres scientifiques concèdent qu’on devrait? le rattacher aux australopithèques. Plus de 1550 ossements ont été dénombrés au total – crânes, mâchoires, côtes –, représentant au moins quinze individus. Des dizaines de dents. Un pied presque complet. Une main, dont presque chaque os était intact, dans une position très naturelle. De minuscules osselets de l’oreille interne. Des adultes âgés. Des jeunes. Des nouveau-nés, identifiés à leurs vertèbres de la taille d’un dé à coudre. Certaines parties de squelette paraissaient étonnamment modernes. D’autres avaient l’air tout aussi curieusement primitives – dans certains cas, encore plus simiesques que celles des australopithèques. La pile de fossiles attribuée à Lucas Delezene contenait 190 dents. La denture est une partie cruciale de toute analyse anthropologique : elle suffit souvent à elle seule à identifier une espèce. Sauf que les experts ès dents n’avaient jamais vu de pareils spécimens. Certains de leurs traits étaient curieusement humanoïdes (par exemple, les petites couronnes de molaires, avec cinq éminences – les cuspides –, comme sur les nôtres). Pourtant, les racines des prémolaires étaient étonnamment primitives. Et puis il y avait la tête. Quatre crânes incomplets avaient été trouvés – deux sans doute masculins, deux féminins. Leur morphologie globale paraissait clairement assez avancée pour être estampillée « Homo ». Mais les boîtes crâniennes étaient minuscules : seulement 560 cm³ pour les hommes et 465 cm³ pour les femmes. Soit beaucoup moins que les 900 cm³ moyens d’Homo erectus, et près de trois fois moins que les 1350 cm³ de la nôtre. représentants connus. Ils n’avaient pas d’autre choix que de nommer une nouvelle espèce. Qu’ils ont appelée Homo naledi, d’après la grotte où les os avaient été trouvés : en langue sotho, naledi signifie « étoile ».
« C’est un animal qui semble avoir eu la capacité cognitive de reconnaître sa séparation d’avec la nature. » - Lee Berger

Qui est Homo naledi ? Comment ses os se sont-ils retrouvés dans la grotte ? Ces questions sont inextricablement liées à une autre : quel est l’âge des fossiles ? Or, pour l’heure, personne n’en sait rien. En Afrique de l’Est, on peut dater avec précision les fossiles retrouvés au-dessus ou au-dessous de couches de cendres volcaniques. En effet, l’âge de ces dernières est indiqué par le degré de décomposition – prévisible – des éléments radioactifs qu’elles contiennent. À Malapa, Berger avait eu de la chance. Les ossements d’Australopithecus sediba gisaient entre deux fines couches de calcite dues au ruissellement des eaux, qui pouvaient être datées par radiométrie. Mais ceux de Rising Star reposaient à même le sol de la grotte, ou bien étaient enfouis dans des sédiments mélangés et peu profonds. Alors, quand ont-ils pénétré dans cette grotte ? Il est encore plus difficile de répondre à cette question que de déterminer comment les os sont arrivés là.
Avez-vous fait une analyse crânio-dentaire ? Oui. Le crâne et les dents d’Homo naledi le placent dans le même groupe qu’Homo erectus, les néandertaliens et les hommes modernes. Est-il plus proche d’Homo erectus que d’Homo habilis ? Oui. Y a-t-il des traces de dents de carnivores sur les os ? Non, ce sont les individus morts en meilleure santé qu’on ait jamais vus !

NATIONAL GEOGRAPHIC N°193 > Octobre > 2015
 
 

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