Mésozoïque de 4,25 à 4,435 Ga, -250 à -65 Ma, D = 185 Ma |

Extinction du CRÉTACÉ Supérieur (± 4,435 Ga, - 66 Ma) |
La fin du Crétacé voit un déclin progressif de la biodiversité durant le Maastrichtien un peu avant la crise écologique qui culmine lors de l'extinction du Crétacé. En dépit des nombreuses niches écologiques libérées, la biodiversité mettra longtemps avant de redevenir aussi riche.
En dépit de la sévérité de cette extinction, la vitesse de disparation varie entre et à l'intérieur des différents clades. Les espèces qui dépendent de la photosynthèse déclinent à cause du blocage de l'énergie solaire par les particules en suspension dans l'air après l'impact de Chicxulub. Tout comme aujourd'hui, le phytoplancton et les plantes terrestres étaient à la base de la chaîne alimentaire, les herbivores dépendant de ces sources de nourriture se sont éteints puis leurs prédateurs tel que le Tyrannosaurus rex. Les Coccolithophoridés et les mollusques, y compris les ammonites, les rudistes, les escargots d'eau douce et les moules ainsi que les organismes les consommant s'éteignent ou subissent des pertes massives, par exemple les Mosasauridae disparaissent.
Des omnivores, des insectes et des charognards survivent à cette extinction. À la fin du Crétacé, il ne semble pas y avoir de mammifères purement carnivores ou herbivores. Les mammifères ou les oiseaux qui ont survécu semblent se nourrir d'insectes, de larves, de vers ou d'escargots qui à leur tour se nourrissent de plantes mortes ou sont des charognards.
Dans les biocénoses (ensemble des êtres vivants coexistant dans un espace défini, le biotope) vivant en eau courante, les extinctions sont moins marquées, ces communautés vivent fréquemment de détritus tombant dans l'eau plutôt que de plantes vivantes, ces niches écologiques sont moins touchées. Des modèles similaires mais plus complexe prévalent aussi dans les océans, les animaux vivants sur les fonds sont moins touchés que ceux vivant dans la zone pélagique, ces derniers dépendant plus directement de la productivité primaire du phytoplancton tandis que les animaux vivant sur ou dans les fonds marins vivent de déchets.
Les plus grands animaux survivant respirant de l'air, des crocodiliens et des champsosaures, sont semi-aquatiques. Les espèces modernes de crocodiles peuvent se nourrir de détritus et survivre pendant de longues périodes sans nourriture, ces caractéristiques ont été liés à leur survie pendant l'extinction du Crétacé. La plus fameuse des disparitions, celle des dinosaures, n'est donc que la partie visible d'un iceberg, cette extinction massive est une des plus importantes dans l'histoire de la Terre.
Wikipédia > Septembre > 2010 |
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Maastrichtien (70,6 ± 0,6 - 65,5 ± 0,3 Ma, D = 5 Ma) |
Le Double Effet Chicxulub |

F.D - SCIENCES ET AVENIR N°865 > Mars > 2019 |
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Introduction Extinction KT |
Depuis 600 millions d'années, au moins 99,9 % des 5 à 50 milliards d'espèces qui ont vu le jour se sont éteintes.
Il y a 65 millions d'années, une météorite tomba sur terre. 85 % des animaux terrestres sont anéantis, en quelques milliers d'années, les dinosaures disparaissent. Sur la liste des survivants, les mammifères, sauvés probablement par un autre groupe important de survivants, les artropodes à cuirasse dont ils se nourrissaient. Les dinosaures disparus, les mammifères ont pu se diversifier et se répandre à travers le monde. Leurs lignées ont explosé pour aboutir à la diversité que nous connaissons aujourd'hui et qui mène jusqu'à nous.
Les héritiers de la planète sont les artropodes à carapace, car ils ont colonisé la terre 100 millions d'années avant les vertébrés (nous), et aujourd'hui leur nombre dépasse tous les autres animaux réunis. Avec leur armure, ils sont capables de résister aux effets d'une bombe. Aucun doute, ils seront encore là, longtemps après notre disparition.
Emission : "La conquète de la Terre" - France 5 |
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Dernière grande période de l'ère secondaire, le Crétacé s'est terminé brutalement voilà 65 millions d'années, nommée extinction KT, par une catastrophe d'ampleur planétaire. Faut-il invoquer un événement extraterrestre - une météorite de 10 km de diamètre qui s'écrase près de l'actuelle péninsule du Yucatan, au Mexique ? Une cause planétaire, la longue série d'éruptions volcaniques dues au passage de l'Inde sur un "point chaud" du manteau terrestre ? Ou encore, plus vraisemblablement, la coïncidence temporelle de ces deux événements ?
La crise de la fin du Crétacé garde une grande partie de son mystère. Elle provoquera l'extinction massive d'environ 70 % des espèces animales marines et terrestres. Ni les dinosaures, ni les ammonites, ces deux grands groupes d'animaux emblématiques de l'ère secondaire, ne survivront. Le Crétacé s'est achevé brutalement. En revanche, les amphibiens et les mammifères s'en tirent sains et saufs.
Loin d'être soudaine, l'extinction a été progressive. Elle a débuté suivant les espèces entre 10 et 3 millions d'années avant la fin du crétacé. Cette baisse graduelle du nombre d'espèces vivantes est corrélative à une baisse générale de la température et à une importante régression marine - le niveau des eaux a subi une baisse générale entre 100 et 200 mètres ! Durant les deux millions d'années qui ont précédé la fin du crétacé, il faut noter une activité sismique exceptionnelle sur le subcontinent indien.
En 1973, Walter Alvarez découvrit une fine couche d'argile rouge, appelée maintenant la limite K/T, entre la couche géologique du crétacé (K) et celle du tertiaire (T). Cette fine couche contient de nombreux éléments extraterrestres. Cette limite K/T que l'on retrouve partout sur le globe, est donc la preuve d'un impact d'astéroïde de grande ampleur.
Au-dessous de cette couche, on retrouve de nombreux fossiles, au-dessus, pratiquement aucun... D'où l'idée d'une disparition tragique et brutale des dinosaures...
Il restait alors à "identifier le coupable", ce qui fut fait en 1990 lorsque l'on découvrit un cratère de 200 km de diamètre dans le golfe du Mexique. Le cratère de Chicxulub, près de la péninsule du Yucatan est dû à une météorite de 10 km de diamètre qui a percuté la planète à près de 90.000 km/h. On a longtemps cru le "coupable" unique. En fait, les récentes découvertes de cratères de 30 et 25 km de diamètre, respectivement en Ukraine (cratère de Boltysh) et en mer du Nord (cratère de Silverpit), datant eux aussi de 65 millions d'années, laissent à penser que la Terre a certainement subi un véritable bombardement cosmique !
L'impact de ces astéroïdes a provoqué : de violents tremblements de Terre, des éruptions volcaniques dévastatrices, la combustion entre 6 et 13 milliards de tonnes de carbone rendant l'atmosphère 5 fois plus riche en dioxyde de carbone et cela pendant plus de 10.000 ans, élevant brutalement la température globale de plus de 7°C. Il en a résulté un "hiver nucléaire" dévastateur qui a bouleversé la chaîne alimentaire. De cette sombre période, seuls les animaux de moins de 25 kg semblent avoir pu tirer leur épingle du jeu et reprendre le cours de l'évolution. Ainsi, les dinosaures auraient-ils cédé la place aux mammifères... Il existait pourtant également de très nombreux dinosaures de petite taille...
Différentes théories se sont donc succédées pour tenter d'expliquer cette disparition globale mais aucune ne semble totalement satisfaisante. Tant que l'on considérait l'extinction brutale, la thèse de(s) astéroïde(s) avait la faveur de tous. Maintenant que l'on découvre que l'extinction a été progressive et plus importante dans le milieu marin et terrestre que dans l'eau douce (lacs, fleuves et rivières), on pourrait penser à un ensemble de causes et non plus à un "unique" évènement déclencheur, les astéroïdes sonnant "simplement" le glas pour tout un groupe qui avait survécu et évolué pendant plusieurs millions d'années. Il reste néanmoins à résoudre l'énigme de la survie des grands crocodiles. Pourquoi seuls ces grands reptiles ont-ils survécu ? Ont-ils simplement bénéficié de la protection de "niches écologiques" favorables - en eaux douces ? Ont-ils profité des propriétés méconnues des animaux à sang froid ?
Les Différentes Théories
Beaucoup d'autres théories ont été avancées pour tenter d'expliquer l'extinction des plus grands animaux que la planète ait connus :
1) La grande durée de vie des dinosaures - de 75 à 300 ans - les aurait empêchés de s'adapter rapidement aux nouvelles conditions environnementales.
2) La fièvre, le rhume ou une quelconque épidémie auraient eu raison de ces géants (et des plus petits), mais aucune étude de leurs os fossiles ne peut étayer ces thèses et surtout expliquer une éradication planétaire.
3) Les mammifères auraient dévoré les œufs des dinosaures, mais seulement des dinosaures ? Pas des oiseaux ni des reptiles ? Quid de la faune marine ?
4) Ils auraient été victime d'une irradiation cosmique, consécutive à l'explosion relativement proche d'une supernova,à cause de la disparition de la couche d'ozone ou encore à cause d'une baisse ou de l'inversion du champ magnétique qui protège la Terre.
Là encore, aucune découverte ne permet de valider ces hypothèses qui, de toute façon, n'expliquent pas pourquoi les animaux marins, qui sont pourtant les plus protégés de ces rayonnements nocifs, ont été les plus atteints. Des variations orbitales, mises en évidence par Milankovitch, auraient été à l'origine de brutales variations climatiques que les dinosaures n'auraient pas supportées. On a pourtant découvert de nombreux dinosaures au Spitzberg et en Antarctique ce qui démontre la grande adaptabilité climatique des dinosaures.
5) Empoisonnement des œufs à l'iridium, telle est la thèse défendue par le Dr Zikui Zhao de l'institut de paléontologie de Pékin. Le Dr Zhao s'appuie sur l'étude des défauts de structure observés sur 11 espèces d'œufs déterrés en Inde et datant de 65 millions d'années. On peut néanmoins se poser la question de savoir pourquoi les oiseaux n'ont pas été atteints par ce désordre.
6) L'hypothèse gravitationnelle est défendue par M. Fréderic Malmartel sur son site.
Les dinosaures, petits et grands, ont disparu parce qu'ils sont devenus trop lourds... à masse égale. C'est une brusque augmentation de la constante gravitationnelle "G" qui aurait tué les dinosaures en épargnant les reptiles, apparus lorsque la gravitation était supérieure, et les mammifères qui se sont rapidement adaptés. Une brusque variation de "G" explique bien les différents aspects du problème, tant pour la faune terrestre et marine que pour la flore.
Il reste néanmoins à établir cette variation... qui aurait une périodicité de 26,2 millions d'années. L'hypothèse gravitationnelle est extrêmement séduisante car le gigantisme des dinosaures demeure encore actuellement une énigme trop souvent ignorée. Leur taille n'est pas compatible avec notre gravité actuelle or, à l'époque des dinosaures, la faune également avait des proportions gigantesques.
Il est aussi tout à fait curieux de constater que les fossiles impossibles d'hominidés, comme par exemple ceux découverts par Ed Conrad, sont ceux de géants correspondants aussi à leurs traces impossibles ! Mais tout cela n'est que hasard...
Régression marine
Il semble que l'époque ait été marquée par un recul des océans. Il est donc supposé que ce recul ait entraîné des modifications climatiques de grande envergure, qui ont mené à la disparition des groupes susmentionnés. Si cette hypothèse est la bonne, on doit donc assister à un déclin progressif des espèces concernées dans les derniers millions d'années avant la fin du crétacé.
Compte tenu du manque de données sur une courte période, il est difficile de trancher quant à l'évolution des populations animales et végétales sur quelques millions d'années seulement. Il semble cependant, en particulier en Amérique du Nord, qu'existaient encore de vastes communautés dinosauriennes peu de temps avant la fin du Crétacé. Une modification de ces faunes semble cependant s'opérer à cette période. Un changement climatique a donc peut-être bien eu lieu.
Volcans du Dekkan
Article connexe : Trapps du Deccan. On a constaté qu'à peu près à la fin du Crétacé, d'énormes éruptions volcaniques ont eu lieu, sur une période estimée à 500.000 années, dans le Dekkan ou Deccan, dans l'Inde actuelle. On a en effet retrouvé des couches de lave gigantesques dans cette région (Trapps du Deccan) : il peut y avoir jusqu'à 2.400 mètres d'épaisseur de basalte, et la surface actuellement couverte dépasse les 500.000 km² (à partir d'une surface originale sans doute supérieure à 1.500.000 km²).
Les simulations informatiques sur les effets de ces éruptions indiquent que les quantités de poussières, de cendres et de gaz carbonique (CO2) rejetées auraient pu avoir un effet climatique très perturbant pour les écosystèmes. Néanmoins, comme pour toute simulation, il reste d'importantes incertitudes sur les effets environnementaux exacts de ce phénomène. La formation des trapps du Dekkan, produite à la limite entre le Crétacé et le Paléocène, a été un événement volcanique majeur de l'histoire de la Terre entre -65 et -60 millions d'années. Elle fait partie des suspects dans la disparition des dinosaures à cause des gigantesques volumes de gaz probablement produits pendant cet événement géologique.
Origine : La théorie la plus courante concernant l'origine de ces trapps les associe à une plume ou un point chaud du manteau terrestre que l'on connaît sous le nom de point chaud de la Réunion. Néanmoins, la découverte d'un cratère d'impact (sous marin, au large de la côte Sud-Ouest de l'Inde) a relancé le débat. Ce cratère nommé Shiva, daté de -65 millions d'années (donc aligné sur la limite Crétacé-Tertiaire) suggère un événement extérieur violent comme déclencheur de l'ouverture des trapps du Deccan et de l'accélération du mouvement de la plaque tectonique indienne. À noter : la communauté scientifique discute encore sur la nature exacte de ce cratère.
L'analyse des articles scientifiques parus entre 2000 et 2005 montre une domination de la thèse, qui fait de la météorite de Chicxulub (peut-être d'ailleurs associée à d'autres météorites) la cause essentielle ou exclusive de l'extinction de masse de la fin du Crétacé. La difficulté à trancher de façon définitive vient de l'impossibilité actuelle de définir un biotope sur quelques milliers ou même millions d'années de façon très précise. Seule cette précision permettrait de dire si les groupes d'espèces ont disparu en quelques jours (ce qui confirmerait définitivement la thèse de la météorite comme cause dominante), ou en quelques centaines de milliers d'années (ce qui ferait plutôt pencher pour les trapps du Dekkan, ou pour un mixte Dekkan, régression marine et météorite).
La Limite Crétacé/Tertiaire (KT) et l'Extinction des Dinosaures |
CATASTROPHES EN CHAÎNE POUR LE CATASTROPHISME...
L'hypothèse de l'extinction de masse des dinosaures et autres semble être la thèse adoptée par la majorité. Cependant il reste quelques "irréductibles" (c'est ainsi que l'on nous considère) qui pensent que ce n'est pas aussi simple. Vous permettrez donc à l'irréductible gaulois Professeurix de soulever quelques "détails" et de semer quelques grains de sable qui empêcheront certainement les engrenages du catastrophisme de tourner rond, et à nombre d'entre vous de cogiter.
Première précaution, selon Louis de Bonis : "il ne faut pas confondre extinction de masse et extinction catastrophique."
Avant tout il me plaît de rappeler quelques très sages conseils émanant du paléontologue Léonard Ginsburg du MNHN de Paris qui écrit :
"Pour qu'une hypothèse soit crédible, il faut respecter les instructions suivantes :
- elle doit être bien étayée, donc basée sur des faits,
- elle doit être rigoureuse donc logique et sans hiatus,
- elle ne doit pas être en contradiction avec des faits établis,
- elle doit être féconde : plus elle explique de faits et plus sa valeur est générale, plus elle a de chances d'être exacte."
Et bien voici quelques "détails" et quelques "hiatus", dont un seul de la liste suffit à faire capoter et s'effondrer une belle théorie pourtant reconnue et enseignée actuellement. Il est très étonnant que tous ces hiatus ne figurent jamais dans les manuels, or cela serait source de cogitation bénéfique pour le fonctionnement d'un cerveau de scientifique.
1°/ LES GROS ANIMAUX NE PASSENT PAS LA LIMITE KT ? FAUX !
On a pu lire sous la plume du paléontologue Eric Buffetaut dans La Recherche, en décembre 1996, dans un article intitulé "La fin des dinosaures", "tous les gros animaux disparaissent". Plus précisément, "pour survivre à la crise K/T mieux valait ne pas peser plus de 25 kg." et quelques lignes plus loin : "aucun animal de plus de 25 kg ne semble d'ailleurs avoir survécu à la crise." Or il élude la belle et longue survivance des Diapsidés Choristodera comme les Champsosaures longs de 2 à 3 mètres et donc dépassant les 25 kg, ainsi que des Simoedosaures, les premiers au Montana, Alberta et Nouveau Mexique, les seconds en Europe (France et Belgique). Ils perdurent jusqu'à l'éocène inférieur soit de -95 à -34 millions d'années ! Voici donc déjà deux belles exceptions. Les champsosaures sont en plus en première ligne pour le "casse-pipe" puisque, encore plus près du point d'impact (le Yucatan).
2°/ LES ACTINOPTERYGIENS DU LIBAN : UN DETAIL DE PLUS
Ces "poissons" osseux, comme on disait jadis, datant de la fin du Mésozoïque (et non plus du "secondaire" : terme dépassé non international et encore trop usité en France), ne montrent aucun signe particulier marquant une crise majeure biologique à la fin du Crétacé Supérieur. Ceci selon Tristan Turlan dans la revue Minéraux & Fossiles N°304 de Mars 2002 page 9.
3°/ LES INSECTES ET PLANTES INFÉODÉES : CONTRADICTION AVEC DES FAITS ÉTABLIS
Selon un spécialiste de l'ambre du Liban, Dany Azar du MNHN de Paris, chez les familles des Psychodidae et des Phlemotomidae, on passe la crise C/T sans problème puisqu'on retrouve ces mêmes familles des millions d'années plus tard (les récentes découvertes de l'ambre de l'Oise en sont la preuve), avec les mêmes plantes auxquelles ils sont inféodés. Je cite ce chercheur : "les familles psychodidae, phlebomotidae, ont passé la crise et tous les phyllums d'insectes pollinisateurs présents au Crétacé supérieur (apparus au Crétacé inférieur et diversifiés au Crétacé supérieur) ont passé la crise sans aucune modification". "Ce serait donc un double "miracle" paléontologique, mais en désaccord complet avec le principe fondamental qui veut que lorsqu'une espèce disparaît elle ne réapparaisse jamais ! Il y a donc ici une contradiction avec des faits établis ! La seule façon raisonnable d'interpréter cela c'est bien de considérer comme locales et non mondiales les conséquences de l'impact de Chicxulub ! À ce propos, Jeanne Llabres dans Société le Web de l'humanité du 31 Mars 1998, utilisant la découverte de l'ambre (âgé de 54 Ma) à insectes de la sablière Redland, surenchérit en écrivant : "cet ambre suit de 10 Ma la limite C/T" ; ce à quoi le paléontologue paléoenthomologiste André Nel (du MNHN de Paris) ajoute : "or dix millions d'années ne suffisent pas pour recréer des formes complexes d'insectes. Cela signifie que ces insectes n'ont pas été affectés par cette crise". Il ajoute aussi : "si un météorite de grosse taille est tombé sur terre à cette période cela ne signifie pas qu'il ait provoqué un hiver nucléaire et des incendies généralisés, comme on l'a dit pendant la présidence de Regan, pour justifier l'installation de porte missiles. Cette hypothèse est difficilement compatible avec la présence d'insectes inféodés aux plantes dont ils se nourrissent. un tel phénomène, s'il a pu, conjugué avec d'autres facteurs, faire disparaître les dinosaures, fut peut-être moins lourd de conséquences que les agressions que nous faisons subir aujourd'hui à l'environnement, à l'origine de la disparition de nombreuses espèces." Faut-il le rappeler ? Une toutes les 15 minutes !!! On peut lire ces déclarations et bien d'autres encore dans "Les âges de la Terre" publication éditée par le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris.
4°/ MÊME LES VÉGÉTAUX DÉMENTENT LA CATASTROPHE KT (en 3 preuves indépendantes)
Dans cette excellente publication, on peut aussi y trouver les déclarations du paléobotaniste Jean Dejax qui écrit : "les déductions liées au pic de fougères relevées à ce passage au cours d'analyses palynologiques menées dans l'ouest des USA étayant une hypothèse d'extinction de masse, ne paraissent pas concluantes." il dit aussi : "le passage du Crétacé au tertiaire ne se manifesta par aucune modification notable de la composition de la flore. Le passage Crétacé-Tertiaire n'est marqué par aucun seuil. L'évolution végétale demeure continue du Crétacé supérieur au Paléocène et au passage Crétacé-Tertiaire les archives paléobotaniques n'enregistrent aucun changement signifiant un quelconque bouleversement écologique." Le pic des fougères constaté aux USA et en Nouvelle Zélande ne l'a pas été partout ailleurs dans le monde ! Et cela on oublie de le signaler ! Encore un oubli fâcheux. Encore mieux : à Castle Rock dans le Colorado, dans un site âgé de 64 ma, soit seulement 1 million d'années après KT, on a trouvé des fossiles d'une centaine d'espèces végétales (essentiellement dicotylédones) ; comment expliquer un si grande diversité de plantes en si peu de temps après la grande "razzia" ? Ceci alors que les paléontologues estiment à 10 millions d'années le temps nécessaire pour repartir de "rien", ou presque, à une telle diversité ! (Kirk Johnson et Beth Elis du Musée de la Nature et des Sciences de Denver - article dans Science et Avenir Août 2002). Claire Belcher de Royal Holoway University de Londres, a recherché la présence de charbon de bois, qui n'auraient pas manqué de se former dans le cas des prétendus grands incendies mondiaux. Du Nouveau Mexique à l'Ouest du Canada, dans huit sites correspondant à cette époque : il n'y en a presque pas. Par contre beaucoup de restes végétaux non carbonisés. Même au plus près de l'astroblème du Yukatan, à 2000 km du site d'impact : rien !
5°/ LES DÉCOUVERTES DE GERTA KELLER
Gerta Keller de Princeton University (voir La Recherche d'octobre 2004 N°379). Elle démontre la lenteur des dépôts en réétudiant le forage de Yaxcopoil qui témoigne d'un milieu calme et un très long temps de sédimentation ; elle réfute le tsunami qui aurait suivi l'impact. Elle démontre un double impact, le premier (celui de Chicxulub 300.000 ans avant KT) n'ayant pas été la cause du dépôt d'iridium.
6°/ LES PLUIES ACIDES ET LES GRENOUILLES
David Archibald de l'université de San Diego rappelle que les amphibiens respirent et boivent par la peau ; évidemment d'importantes pluies acides auraient exterminé les batraciens. Mais il n'en est rien ! Peut être que les grenouilles de l'époque disposaient de parapluies ? Ça ne fait pas sérieux comme hypothèse.
7°/ L'HIVER "NUCLÉAIRE" ?
Amphibiens, crocodiles et tortues n'auraient pas supporté une longue chute des températures. Or on sait qu'à un degrés près, chez les crocodiles et les tortues on n'obtient que des mâles ou que des femelles. Vous voyez le problème ? De toute façon les dinosaures comme Laellinasaura amicagraphica vivaient bien dans le froid car à cette époque le sud de l'Australie était sous le cercle polaire antarctique. Ce n'est donc pas le froid qui a exterminé les dinos.
8°/ LES GRENOUILLES TROMOPTERNA D'INDE
On n'en parle jamais ! Cela doit être probablement extrêmement dérangeant notamment pour l'hypothèse de Courtillot. En effet cet autre catastrophistes incrimine les longues éruptions des trapps du Deccan en Inde. Mais on oublie la récente découverte de deux chercheurs belges (F.Bossuyt & M.Milankowitch de l'université libre de Bruxelles, et les revues Science et Vie de septembre 2001 et Pour la Science d'août 2001) et de leur thèse "out of India". Pendant une dérive de 75 millions d'années, temps qu'il a fallu au radeau de l'Inde quitter l'Afrique et pour traverser l'Océan Indien puis entrer en collision avec l'Asie, les grenouilles Ranidae du genre Tromopterna ont survécu aux trapps du Deccan, tellement bien qu'elles ont radié ensuite en Asie vers 55 Ma, et même en Europe vers 30 Ma. Phénoménal cette découverte ! Même une activité longue et énorme d'un point chaud volcanique n'a pas pu en venir à bout de ces très fragiles batraciens dont la peau est si sensible à toutes formes de pollution ! 2 MILLIONS de Km3 de basalte sur 500.000 km² pendant 500.000 ans, avec une hausse de la température moyenne de +8°C, et cela localement, pas à des milliers de kilomètres, n'auront pas suffi pour exterminer nos fragiles batraciens ! Alors pensez donc bien à la prétendue influence de ce qui s'est passé à l'autre bout du monde au Mexique, alors que sur place : rien ! Plouf ! Encore un beau pavé dans la mare. Dans "Pour la Science" on peut aussi lire : "si la biodiversité des Ranidae a été préservée sur la plaque continentale de l'Inde lors de sa traversée d'Afrique vers l'Inde, alors des centaines d'autres espèces appartenant à divers groupes d'animaux notamment des mammifères, ont vraisemblablement survécu de la même façon, avant de débarquer sur le continent de l'Eurasie." Je comprends que les catastrophistes évitent d'en parler, c'est évident. Ce n'est plus un grain de sable dans les rouages, c'est une pluie de pavés dans la mare ! Une vraie catastrophe pour le catastrophisme !
9°/ DES FAITS ÉTABLIS...
On sait avec certitude que 10.000.000 d'années avant la fin des dinosaures, leur milieu naturel commence à disparaître. 10 à 3 Ma avant KT : on observe le déclin des dinosaures : -40 % (cf Archibald). Ils sont donc devenus très vulnérables entre 1 à 3 Ma av KT, et ils sont prêts à disparaître. C'est ce qu'on appelle selon Philippe Taquet : "un stress écologique". Suite à la régression marine fin crétacé on assiste à une continentalisation avec des saisons plus marquées qui ne conviennent plus aux dinosaures. Je rends hommage à ce propos au Professeur Pinna qui dès 1985, traduit par le professeur Jacques Blot (éminent paléoichtyologue du MNHN de Paris) affirmait dans le livre "Les fossiles, les découvrir et les reconnaître", envers et contre tous qu'il s'agissait d'un stress écologique dû à une réduction drastique des mers, avec apparition d'un milieu terrestre instable peu propice avec les conditions de vie antérieure qu'avaient connues les dinosaures.
10°/ D'AUTRES AUSSI S'ÉTEIGNENT SANS L'OMBRE D'UN CATACLYSME
À 6 Ma av KT : 20 espèces, puis à 3 Ma av KT : 15 espèces, puis à 1 Ma av KT : moins de 10 espèces d'ammonites, les ammonites s'éteignent donc sur des millions d'années, processus constatés aussi chez les "poissons", les reptiles, les mammifères. Les ichtyosaures ont disparu bien avant la limite KT, ils ne l'ont pas "attendue" ! Et bien des dinosaures du Trias ou du Jurassique avaient disparu pour faire de la place aux suivants, sans avoir besoin de catastrophe.
11°/ DES CATACLYSMES SANS CONSÉQUENCES BIOLOGIQUES ?
Aucun des astroblèmes : Manicouagan, Popigai, Woodleigh, Chicxulub ou Chesapeake n'est associé à une extinction, selon G.Keller. Elle a aussi démontré n'en déplaise à ses contradicteurs, qui ne savent pas faire la différence entre du plancton et un cristal de dolomite ou qui confondent une smectite avec une glauconite (on ne me fera pas avaler qu'avec une analyse par diffraction aux RX on puisse confondre), qu'il y a eu un deuxième impact 300.000 ans après celui de Chicxulub et que les dinosaures ont encore vécu 300.000 ans après Chicxulub. Et c'est ce deuxième impact qui laisse le fameux dépôt d'iridium. De plus, les organismes planctoniques fossiles ne peuvent pas être confondus avec des cristaux de dolomite, il n'y a qu'à comparer les photos : pas de doute possible (voir les détails dans la Recherche N°379 octobre 2004 et dans une émission de TV "La disparition des dinosaures" passée sur la 5ème chaîne, réalisée par la BBC). Cependant la conjonction des chutes météoritiques, du volcanisme a quand même eu pour effet un réchauffement de la planète avec jusqu'à + 4°C dans les eaux océaniques d'où une réduction des niches écologiques et une compétition accrue.
En conclusion
Après cette bonne douzaine d'arguments "massue", il est étonnant que même G. Keller ne semble pas douter du coup de grâce définitif du deuxième impact météoritique dont on n'a toujours pas retrouvé l'astroblème et accorde une importance peut être surestimée bien que concourante. Il me semble plus sage de se rallier au point de vue de Philippe Janvier (Directeur de recherches au CNRS MNHN) qui remarque que "les biais taxinomiques" (genres ou familles) utilisés par les paléontologues pour décompter les dinos "les conduisent généralement à surévaluer l'ampleur des extinctions." Il remarque aussi que les oiseaux déjà présents et qui sont eux-mêmes des dinosaures théropodes à plumes ont survécu ainsi que tous les grand groupes actuels qui étaient déjà là. Donc, dit-il : "on imagine difficilement qu'un événement aussi ponctuel touche de la même manière la totalité de la planète et extermine instantanément toutes les espèces d'un groupe à répartition mondiale. Un impact de la taille du cratère de Chicxulub a certainement eu des conséquences importantes immédiates en Amérique du Nord, mais a-t-il vraiment bouleversé la vie en Mongolie, ou en Australie, à ce moment là ?" De plus : "aucun de ces modèles n'explique avec des arguments biologiques solides, pourquoi certains groupes d'espèces ont disparu, tandis que d'autres ont perduré, notamment des organismes aussi sensibles que les insectes et les plantes à fleurs." Enfin, et pour témoigner que tous les dinosaures n'ont pas vraiment disparu, sachez qu'il reste encore seulement quelques 300 milliards de descendants des théropodes (pas mal pour des disparus, non ?)...
Je citerai quelques mots du paléontologue Bob Bakker, dans son livre "Le ptérodactyle rose :
"Quand vous verrez passer un vol d'oies du Canada, dites-vous : les dinosaures migrent."
"N'oubliez pas en regardant votre canari qu'il y a en lui en parcelle de T. Rex."
A.H. - SCIENCE & VIE HS > Décembre > 2000 |
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